mercredi 9 octobre 2013

Imprimez la décoration d’intérieur de vos rêves

Jusqu’à présent la personnalisation du décor intérieur était très onéreuse. Les simples particuliers ne pouvaient guère s’offrir des lambris dorés ou des moulures. Avec la possibilité d’imprimer des éléments d’architecture en 3D, ce sera peut-être à la portée de chacun. C’est en tout cas ce qu’essaye de démontrer le projet Digital Grotesque de l’Ecole Polytechnique de Zurich. Deux architectes, Michael Hansmeyer et Benjamin Dillenburger, ont créé un algorithme permettant de  modéliser l’intérieur d’une pièce qui apparaît à la fois synthétique et organique. Le décor ainsi généré rappelle un peu l’univers d’Alien de H. R. Giger. Le modèle numérique comporte 260 millions de surfaces. Les blocs du modèle ont ensuite été imprimés. La matière choisie est la pierre de sable dans laquelle on a injecté une résine pour en boucher les pores. Le tout a été assemblé en une salle d’une hauteur de 3,2 mètres et d’une surface de 16 mètres carrés. Il a fallu un an pour développer l’algorithme, un mois pour imprimer les éléments en 3D et un jour pour assembler le tout.
Schéma du projet Digital grotesque
Digital grotesque
Cette expérience ouvre de nouvelles perspectives dans diverses directions. Ainsi il sera possible de personnaliser les nouveaux bâtiments selon le goût de leur propriétaire. La restauration d’édifices anciens avec des décors sophistiqués pourra peut-être être réalisée à des coûts moindres. Et pourquoi ne ferait-on pas ainsi des décors pour le cinéma, le théâtre ou pour des expositions? Dans un avenir plus lointain, il sera possible de créer des bâtiments sur la Lune ou sur Mars simplement avec des imprimantes 3D et des matériaux disponibles sur place. La construction est certainement l’un des domaines qui sera le plus affecté par la technologie des imprimantes 3D.

mardi 8 octobre 2013

Quelqu'un pense à vous

Qui vous souhaite votre anniversaire ? Les membres de votre famille, certains de vos amis et certains de vos collègues. Parfois aussi certains commerçants vous envoient une petite carte. Facebook rappelle quant à lui à vos amis de vous souhaiter un bon anniversaire. Maintenant Google pense aussi à vous ce jour-là. Il vous suffit d’ouvrir un compte gmail et de donner votre date de naissance exacte pour voir la page d’entrée de Google afficher des gâteaux d’anniversaire décorées avec des bougies le jour de votre anniversaire :
Page d'accueil de Google adaptée pour le jour anniversaire de l'utilisateur

dimanche 29 septembre 2013

Voici venu le temps de la cyberarchéologie

Cette semaine, j’ai eu l’occasion de participer, à Delphes en Grèce, à un congrès consacré à l’archéologie virtuelle en relation avec les musées et le tourisme culturel, organisé par l’Université de l’Egée (VAMCT 2013). Ce congrès était consacré aux thèmes les plus variés : visualisation 3D en archéologie et dans le domaine du patrimoine, musées virtuels, communautés virtuelles, réalité augmentée, gamification, storytelling, technologies pour appareils portables, web 2.0, numérisation, exploitation des données, etc.
L’archéologie virtuelle n’est pas un terme nouveau, mais pendant longtemps ce concept a été confondu avec la visualisation de reconstitutions avec des moyens informatiques. De telles reconstitutions remontent aux premiers temps de la visualisation informatique et étaient disponibles sur CD-Rom, avant Internet. Cependant ce domaine s’est considérablement enrichi au fur et à mesure que les technologies progressaient.
Les technologies pour appareils portables permettent de développer des applications de réalité augmentée permettant au visiteur d’un site archéologique de faire apparaître sur son téléphone ou sur sa tablette un bâtiment tel qu’il se présentait dans le passé. Les différents senseurs de son appareil (GPS, gyroscope, webcam, …) permettent de préciser en temps réel sa position en temps réel et superposent la reconstitution sur les vestiges visibles.
Ce congrès a aussi montré que les reconstitutions en 3D vont au-delà de la simple représentation. Elles permettent de faire des simulations : il est par exemple possible de tester plusieurs hypothèses sur l’illumination intérieure d’un temple ou sur la disposition du décor sculpté. Ces reconstitutions deviennent des outils de recherche. De plus, des logiciels aussi simples et répandus que Sketch up permettent de les créer.
Olympia Temple
Olympia Temple
A. Patay-Horváth (Archaeological Institute of the Hungarian Academy of Sciences – Institute for Ancient History, University Eötvös Loránd, Budapest, Hungary), The Contribution of 3D Scanning and Virtual Modeling to the Reconstruction of the East Pediment of the Temple of Zeus at Olympia (PDF)
L’Université de Californie San Diego a proposé une session entière consacrée au concept de cyberarchéologie. Ce terme est un peu malheureux. Il rappelle celui de cybernétique, une des disciplines qui a concourut  au développement de l’informatique. Néanmoins il fait un peu vieillot. J’aurais personnellement opté pour celui d’archéologie assistée par ordinateur. L’idée de la cyberarchéologie reprend des idées déjà exprimées dans les années 70, lorsque Jean-Claude Gardin essayait de créer des systèmes-experts pour faciliter la recherche. A l’époque, les technologies informatiques étaient encore chères et lourdes. Ce rêve s’est enlisé et l’informatique a été utilisée au cas par cas en archéologie, et seulement dans quelques parties du processus allant de la fouille au musée. La cyberarchéologie telle que la voient les chercheurs américain assure un continuum entre l’enregistrement des données sur le terrain, leur exploitation en laboratoire et leur restitution face au grand public dans le musée. Mieux encore, ces technologies permettent une immersion dans le terrain numérisé et reconstitué. La fouille, qui est une destruction matérielle, est numériquement reproductible, permettant au chercheur de revenir à tout moment à l’un des moments de l’excavation. Bien entendu, cela suppose que les bons choix stratégiques aient été faits au départ. Mieux encore, cette immersion se fait au moyen d’avatars.
Il est encore trop tôt aujourd’hui pour dire comment cette approche novatrice se traduira dans les musées. Les curateurs devront être à même de comprendre les processus de fouilles et le contexte archéologique des objets pour exploiter ces nouvelles possibilités. Le visiteur pourra se plonger au coeur de la fouille et voir où se trouvait l’objet avant sa mise au jour. Il traversera les couches et découvrira les différents artefacts autour de lui. Peut-être même pourra-t-il reconstituer lui-même les puzzles 3D que constituent les objets cassés.

jeudi 29 août 2013

Emergence de l’idée d’une encyclopédie mondiale permanente

Depuis la fin du 19ème siècle, les connaissances avaient explosé dans le monde occidental. L’alphabétisation de la société, le développement de la recherche scientifique ainsi que des progrès techniques dans l’imprimerie ont généré une augmentation des publications sous les formes les plus diverses : livres, revues, journaux. Le besoin de classer ces informations et d’en faciliter l’accès se fit sentir. Dès les années 30, des réflexions sur un système universel des connaissances, une sorte de préfiguration du World Wide Web, ont commencé à émerger dans le milieu des spécialistes de la documentation. En voici deux exemples.
Paul Otlet (1868- 1944) est un visionnaire à la fois auteur, entrepreneur, juriste et activiste belge. Il crée en 1905, avec Henri Lafontaine, le système de « classification décimale universelle » (CDU) sur la base de la classification de Dewey, ainsi que le standard de 125 sur 75 mm imposé aux fiches bibliographiques, toujours en vigueur dans les bibliothèques du monde entier. Paul Otlet met en place de nombreuses initiatives, toujours dans le but de réunir le savoir universel. Il les regroupe dans le Palais Mondial-Mundaneum de Bruxelles. Le Mundaneum comportait seize salles didactiques, un répertoire bibliographique comprenant douze millions de fiches, un musée de la Presse avec 200 000 spécimens de journaux du monde entier. Il a été fermé en 1934 pour libérer de la place et les collections ont été déménagées à plusieurs reprises. Ces collections se trouvent actuellement à Mons, dans le nouveau Mundaneum. Paul Otlet publie en 1934 un ouvrage qui fait toujours autorité dans le domaine de la documentation : le “Traité de documentation”. Dans cet ouvrage qui fait toujours autorité aujourd’hui, il pose les bases de la documentation moderne. A la fin de l’ouvrage, il envisage la mise en place d’un réseau universel d’information et de documentation, constitué d’entités nationales et locales qui, si elles sont hiérarchiquement organisées, n’en sont pas moins invitées à collaborer entre elles[1]. Paul Otlet énumère également dans son traité ce qu’il considère comme les six étapes de la documentation. La sixième étape est celle de l’hyperdocumentation, correspondant au stade de l’hyperintelligence. Des documents correspondants aux divers sens (visuels, sonores, tactiles, etc.) sont enregistrés selon des technologies correspondantes et mêlés [2]. Enfin, déjà à cette époque, grâce à sa connaissance des progrès technologiques, Paul Otlet anticipe des possibilités de consulter des documents depuis chez soi :
« On peut imaginer le télescope électrique, permettant de lire de chez soi des livres exposés dans la salle teleg des grandes bibliothèques, aux pages demandées d’avance. Ce sera le livre téléphoté[3]»
Paul Otlet a posé les bases de la documentation moderne. Nombre de ses propositions sont encore utilisées aujourd’hui dans des bibliothèques du monde entier. Sa vision élargie de la documentation et sa connaissance des progrès techniques lui ont fait entrevoir ce qui constitue aujourd’hui Internet et notamment sa partie hypertextuelle, le WWW, non seulement dans ses aspects techniques, mais aussi organisationnel (réseau) et même philosophiques (hyperintelligence).
H. G. Wells (1866-1946) est un auteur britannique surtout connu pour ses romans de science fiction comme la Machine à explorer le temps (1895) ou la Guerre des mondes (1898). Il a aussi écrit des ouvrages de réflexions politiques et de vulgarisation scientifique. En 1937, il participe au Congrès Mondial de la Documentation Universelle[4]. En 1939, il publie dans l’Encyclopédie française[5] un texte intitulé « Rêverie sur un thème encyclopédique ». Dans ce texte, il relève que, malgré l’accroissement des connaissances, les encyclopédies sont toujours conçues comme celles du 18ème siècle. Cependant les technologies modernes comme la radio, la photo, les microfilms, permettent d’assembler une collection de faits et d’idées de manière plus complète, succincte et accessible. Il émet l’idée d’une encyclopédie permanente mondiale qui serait mis à jour par un grand nombre de personnes. Cette encyclopédie irait au-delà d’un simple répertoire. Elle serait également accessible partout:
And not simply an index; the direct reproduction of the thing itself can be summoned to any properly prepared spot[6].
H. G. Wells voit aussi dans cette encyclopédie le moyen de sauver la mémoire humaine : désormais son contenu serait copié et réparti, si bien qu’il serait préservé des destructions[7]. Enfin H. G. Wells considère qu’elle ne s’adresse pas seulement aux universitaires, mais également aux familles et aux grand public et qu’elle constituera un outil pour les enseignants. Il termine ce texte en soulignant qu’une telle initiative ouvrirait la voie à la paix du monde en réalisant l’unité des esprit
H. G. Wells, 1922H. G. Wells en 1922
Paul Otlet participait lui aussi au Congrès Mondial de la Documentation Universelle. Nul doute que les idées des deux hommes sont très semblables. Pour eux, les nouvelles technologies ouvrent des perspectives nouvelles pour répondre au défi de l’augmentation des connaissances et pour les rendre facilement accessibles à chacun. L’organisation des connaissances doit être universelle, décentralisée et non limitée à un seul pays. Enfin tous deux voient un rapport entre cette mise à disposition des connaissances et l’avènement d’une ère nouvelle pour le monde où la paix règnerait grâce à un esprit humain unifié. Ils avaient entrevu les possibilités qu’Internet apporte aujourd’hui pour tous ceux qui souhaitent acquérir et mettre à disposition des connaissances. Le printemps arabe a aussi montré que l’accès facilité à des informations permet à des populations dans des régimes non démocratiques de prendre conscience de leur situation et de se soulever.
Bien avant qu’Internet ne connaisse un succès mondial, certaines personnes très en avance sur leur temps avaient exprimé les besoins auxquels le réseau mondial pourrait répondre.



[1] Otlet Paul, Traité de documentation, Bruxelles, Editions Mundaneum, 1934, p. 415 (point 424, 1) ; http://paul-otlet.mazag.net/wp-content/uploads/2012/06/otlet-4.pdf
[4] Paris 16-21 aout 1937
[5] Encyclopédie française. Tome 18, La civilisation écrite, dir. Par Julien Cain, Paris, 1939. Repris dans World Brain, 1938, sous le titre de “The Idea of a permanent World Encyclopedia”
[6] Brain World, p.121
[7] Id. p. 121

dimanche 25 août 2013

Salle de concert virtuelle


C’est en achetant un nouveau téléviseur qualifié de téléviseur intelligent, qui est connectée à Internet et sur laquelle, comme sur les téléphones intelligents, on peut installer des applications, que j’ai découvert une application créée par l’Orchestre philharmonique de Berlin (en allemand : Berliner Philharmoniker). Elle permet d’accéder à des archives et à des concerts en direct. J’ai créé un compte par curiosité et j’ai regardé quelques offres gratuites pour me convaincre de son intérêt. Avec un grand écran et une bonne installation sonore, l’utilisateur peut vraiment avoir accès à des contenus de qualité et à une expérience intéressante, à savoir jouir de nombreuses interprétations par des musiciens de classe mondiale, en direct ou sous forme d’archive. Ayant reçu un billet gratuit de la part d’un des principaux sponsors du Berliner Philharmoniker, j’ai aussi assisté, cette fois sur mon ordinateur, également pourvu d’un grand écran, au premier concert de la nouvelle saison.
Le programme de ce concert était attractif pour le grand public : Sir Simon Rattle a dirigé l’orchestre qui interprétait les Symphonies 39, 40 et 41 de Mozart. On accède à ce que le Berliner Philharmoniker appelle le « Digital Hall » 15 minutes avant le début du concert. On voit les spectateurs s’installer. L’orchestre arrive et enfin le Maestro. La qualité de l’image et du son sont irréprochables. On n’entend même pas les toussotements dans le public. Bien entendu, il faut être pourvu soi-même d’une bonne installation. On peut s’asseoir tranquillement dans son fauteuil et écouter ou bien faire quelque chose en même temps (ce qui ne serait pas admis dans la salle de concert). Durant l’entracte, on nous présente les activités du Berliner Philharmoniker, en l’occurrence un extrait de la conférence de presse lors de laquelle Sir Simon Rattle a présenté le contenu de la nouvelle saison. Petit moment d’émotion à la fin du concert : le chef d’orchestre prend congé d’un violoniste pour qui l’heure de la retraite a sonné après quarante années passées dans cette prestigieuse formation.
Digital Hall Berlin Philarmoniker
Digital Hall Berlin Philarmoniker

Digital Hall Berlin Philarmoniker
Le Berliner Philharmoniker a une longue tradition d’exploration des nouvelles technologies pour la diffusion de la musique classique. On le doit surtout au fameux chef Herbert von Karajan qui en a été le directeur de 1955 à 1989. Von Karajan était fasciné par la technologie. Il a donc fait œuvre de pionner dans l’enregistrement d’œuvres musicales, notamment par l’adoption du numérique. On lui doit plus d’un millier d’enregistrements.
Contrairement à Herbert von Karajan, Sergiu Celibidache, qui dirigea brièvement le Philarmoniker après la guerre et pour lequel von Karajan nourrissait une solide inimitié, ne croyait pas que la technologie pouvait contribuer à la diffusion de la musique, notamment par le moyen d’enregistrement. De fait, il a peu fixé de ses interprétations sur des galettes et les enregistrements disponibles aujourd’hui proviennent de concerts données pour des radios. Cela contribue certainement à la légende qui entoure le chef roumain. Celibidache affirmait en effet qu’un concert enregistré sur disque ne pourrait jamais rendre la totalité de l’expérience et des “épiphénomènes” vécus lors d’un concert donné en salle 1). En ce qui concerne la salle de l’Orchestre philharmonique de Berlin, il faut savoir que c’est un endroit dont l’architecture est tout à fait particulière, puisque le public se trouve aussi bien devant que derrière l’orchestre. Sa qualité sonore est donc unique et, sans avoir vécu une performance dans ce lieu (ce qui est mon cas), il est difficile de savoir si cette qualité unique se retrouve tout ou en partie dans l’expérience en ligne.
Avec le Digital Hall, nous avons affaire à une sorte d’extension de la salle de concert. C’est une véritable tendance. Le Metropolitain Opéra de New York et le Bolchoi de Moscou ont aussi une offre de concerts en direct que l’on peut voir dans les cinémas. Même le British Museum offre des visites guidées sous cette forme. Dans un domaine différent, des plateformes comme Coursera permettent d’agrandir considérablement l’audience d’une salle de cours. La question fondamentale est de savoir si l’expérience du spectateur du Digital Hall ou des salles de cinéma est identique à celle de la personne assise dans la salle. Il faut répondre avec honnêteté que ce n’est pas le cas. Dans le fond, cette expérience n’est pas si nouvelle que cela. Nous l’avons déjà tous vécu avec des manifestations sportives à la télévision. Ce qui est nouveau, c’est que cette recette s’applique maintenant aux événements culturels. Pour des institutions comme le Philarmoniker, cela permet d’augmenter l’audience et (éventuellement) de générer des recettes. Pour les spectateurs, cela permet d’ouvrir une lucarne sur des offres musicales avec des interprètes d’exception auxquels ils n’auraient pas accès autrement. Il n’y a aucun risque de voir le public déserter la salle réelle au profit de la salle virtuelle. Au contraire, cela accroît encore sa réputation et ceux qui auront la chance ou la possibilité de se déplacer à Berlin ne manqueront pas d’essayer de se procurer des billets.
1). Wikipédia, s.v. Sergiu Celibidache

mercredi 31 juillet 2013

Fête nationale

Google a pensé à l’anniversaire de la Suisse …
Google Dooddle pour le 1er août

Tous les cantons et demi-cantons y sont.

dimanche 30 juin 2013

A la fortune du pot

Les créateurs de Branch lancent un nouveau média social : Potluck. Ce terme anglais signifie “à la fortune du pot”. Il fonctionne sur le même principe que Pinterest. Grâce à un petit bouton qu’on installe dans la barre des signets du navigateur, on peut envoyer des pages Web sur son compte Potluck. On peut aussi voir et commenter ce que ses amis postent.
Potluck
Ce nouvel arrivant illustre bien une tendance des médias sociaux : ce sont maintenant les contenus et non plus les utilisateurs qui sont au centre des applications. C’est déjà clairement le cas de Pinterest et son système de partage d’images et celui de Tumblr, qui permet de publier divers contenus. La relation sociale ne suffit plus à alimenter la conversation. Il est nécessaire d’amener des contenus de qualité.

dimanche 2 juin 2013

Le renouveau de l’éducation supérieure en ligne

Après ses études en Israël, Daphne Koller est partie aux Etats-Unis. Elle a fait son doctorat à l’Université de Stanford et, aujourd’hui encore, elle donne des cours dans le domaine de l’intelligence artificielle dans cette prestigieuse maison. Sebastian Thrun a fait ses études à Bonn, en Allemagne, avant de rejoindre les Etats-Unis. Il est également professeur à Stanford. En 2005, il a gagné le Darpa Grand Challenge,  une compétition mettant en jeu des véhicules terrestres sans pilote et autonomes. A part leur parcours à Stanford, un autre point commun réunit ces deux personnalités. Toutes deux ont fondé une plateforme d’enseignement à distance offrant des cours de niveau universitaire gratuits.
Coursera, créé par Daphne Koller et Andrew Ng, offre depuis avril 2012 des cours de prestigieuses université essentiellement américaines. Des hautes écoles d’autres continents apparaissent aussi dans la liste. Ainsi l’EPFL mettre à disposition les premiers cours en français. Les cours couvrent des champs divers, de l’informatique aux sciences sociales. Udacity, fondé par Sebastian Thrun, propose des cours essentiellement d’informatique, de physique ou de mathématiques. Le cours le plus célèbre est celui qui explique comment réaliser une voiture sans conducteur.
La formation à distance n’est pas nouvelle sur Internet. On peut même dire qu’elle a subit elle aussi le même sort que le commerce électronique sur Internet. Dès les débuts du Web, de nombreuses personnes ont pensé qu’Internet jouerait un rôle déterminant dans le commerce et dans l’éducation. Parallèlement au gonflement d’une bulle spéculative qui allait entraîner une première crise grave sur le net, de nombreux programmes et sites d’éducation ont vu le jour. La Suisse avait créé par exemple le Campus Virtuel, qui fut en fait une véritable déconfiture. Jacques Perriault a bien analysé les causes de cet échec dans son livre « L’accès au savoir en ligne » (2002). Les promoteurs de l’éducation sur Internet ne se sont pas intéressés à ce qui s’était déjà fait en matière d’éducation à distance, un domaine qui avait pourtant une longue tradition. Les échecs subis par les premières plateformes d’éducation ont fait long feu et il a fallu attendre longtemps jusqu’à ce que de nouvelles initiatives voient le jour. Seules se sont répandues les systèmes open source comme Moodle permettant à chacun de créer une classe virtuelle.
2012 voit donc l’émergence de plusieurs plateformes importantes. Le succès est immédiat. Lancée en avril, Coursera a plus de 2 millions d’utilisateurs en décembre. Un cours peut attirer entre 40’000 et 50’000 utilisateurs. Le seul cours pour lequel j’ai des données fait état de 2500 certifiés au terme du cours, ce qui représente 5%. Ce pourcentage est un excellent taux d’engagement en ligne, quand on songe à l’investissement en temps et en énergie nécessaire pour assimiler l’enseignement. Le premier cours offert par Udacity en 2011, consacré à la création d’une voiture auto-conduite et donné par Sebastian Thrun lui-même a réunit 160’000 étudiants du monde entier.
Les cours de Coursera et Udacity sont gratuits. Majoritairement en anglais (l’EPFL donnera tout de même un cours en français), ces cours sont très suivis par des étudiants de pays émergents qui n’ont pas accès à ce type d’éducation chez eux. Certains ont même pu trouver un job grâce à leur certificat. Ces nouvelles plateformes doivent maintenant trouver des modèles de financement pour assurer leur avenir. L’un consisterait à faire payer pour la certification seulement. Un autre donnerait la possibilité à de futurs employeurs de détecter des collaborateurs potentiels par rapport aux cours suivis avec succès.
2013 devra confirmer ce renouveau de l’éducation en ligne. J’ai, à titre personnel, suivi un cours de manière complète sur Coursera. Le cours s’intitulait Networked Life et il était donné par un professeur de l’Université de Pennsylvania, Michael Kearns. La matière était passionnante : structure et dynamique des réseaux. La pédagogie excellente : 3 à 4 vidéos de 15 minutes à suivre chaque semaine, des lectures complémentaires et un quizz correspondant à chaque vidéos. Les vidéos elles-mêmes ne montraient pas le professeurs, mais ses diapositives qu’il commentait en voix off et sur lesquelles il écrivait des notes supplémentaires. Petit raffinement sur Coursera, il est possible de ralentir le rythme de la vidéos, permettant à des non-anglophones de suivre plus facilement. Le sentiment de communauté se crée très vite autour d’un forum de discussion et même sur les médias sociaux. Dès qu’une difficulté apparaît, comme une question incomprise dans un quizz, le professeur et son équipe de modérateur peut réagir rapidement. Au terme du cours, j’ai obtenu mon certificat. J’en étais très heureuse, car cela avait supposé un gros investissement en temps et en énergie. Cependant j’ai le sentiment que les connaissances acquises me seront très utiles et je suis prête à recommencer.
Coursera

vendredi 31 mai 2013

La Biennale sous le signe du palais encyclopédique

encyclopediaLa Biennale de Venise s’ouvre sur l’idée du musée universel réunissant toutes les oeuvres représentatives de l’humanité. Son curateur, Massimiliano Gioni, a donné à cette édition 2013 le titre “The Encyclopedic Palace”, en hommage à un artiste autodidacte italo-américain, Marino Auriti (1891–1980). Ce dernier a créé une oeuvre monumentale intitulée Il Enciclopedico Palazzo del Mondo (le palais encyclopédique du monde). Il s’agit d’une maquette d’un bâtiment pour abriter les oeuvres de l’humanité réalisées dans tous les champs possibles, passés ou à venir. Ce musée devait être construit sur le Mall de Washington.
The Encyclopedic Palace of the World) Marino Auriti (1891–1980)The Encyclopedic Palace of the World) Marino Auriti (1891–1980)The Encyclopedic Palace encyclopedicpalace

Cette oeuvre est conservée au American Folk Art Museum situé à New York. Elle est actuellement présentée à la Biennale de Venise, comme oeuvre paradigmatique. Elle constitue, le prolongement dans le domaine de l’art, des idées de Paul Otlet, qui a lui-même créé le Palais Mondial à Bruxelles, ou de H. G. Wells. Le musée en question ne sera jamais réalisé, mais sa conception même, par un artiste autodidacte, témoigne de la nécessité de réunir sous un même toit les réalisations de l’humanité. Eclatées, dispersées, les oeuvres perdent de leur valeur ou de leur pertinence, alors que réunies dans un ensemble et accessibles en tout temps, elles acquièrent plus de profondeur et un sens sans cesse renouvelé. Ce toit ne sera cependant jamais fait de tuiles ou de briques, mais plutôt d’éléments numérisés et de métadonnées. On en trouve de multiples exemples et, parmi les plus récents, on peut mentionner Pinterest sans aucun doute. Néanmoins des oeuvres comme celles de Marino Auriti sont annonciatrices de tels desseins. L’artiste avait lui-même conscience de sa valeur, car il l’a même fait breveter, et le curateur de la Biennale de Venise a été bien inspiré de l’exhiber pour rappeler que, quelle que soit l’époque, l’humanité a toujours rêvé de rassembler ses connaissances et accomplissements.

dimanche 31 mars 2013

Financement communautaire


Tous ceux qui ont été membres actifs d’une association à but non lucratif savent à quel point le financement est une affaire complexe, qu’il s’agisse de projets culturels, humanitaires ou autres. Les collectivités publiques et les fondations ont des critères à respecter et bien des initiatives passent à travers les mailles du système. Dans ces cas-là, il faut trouver des donateurs, le plus souvent dans le cercle plus ou moins élargi des connaissances personnelles des membres. On récolte ainsi de petites sommes auprès d’un nombre de personnes important. Cette démarche est aujourd’hui grandement facilitée par des sites Internet permettant de lever des fonds pour des projets particuliers, tout en aggrandissant le cercle des donateurs. On appelle cela le crowdfunding ou, en bon français, financement communautaire.
Le plus principe de ces sites est simple. Il faut annoncer un projet, le promouvoir au moyen de textes, photos, vidéos et surtout, il faut proposer des contreparties intéressantes pouvant inciter les donations.  Il peut s’agit de billets gratuits, d’un repas à partager avec un artiste, d’une affiche, etc … Les donateurs peuvent choisir l’une des contreparties et donner la somme correspondante. Ils peuvent rester anonymes ou non, contribuer à plusieurs projets. Les initiateurs du projet définissent la somme qu’ils souhaitent réunir (et qui doit être réaliste) ainsi que la durée de la campagne. Il y a cependant une clause guillotine: si la somme n’est pas réunie à la fin de la campagne, les initiateurs ne touchent rien et les donateurs récupèrent leur mise. Il faut donc bien planifier sa campagne de levée de fonds et la relayer dans ses cercles de connaissances et sur les réseaux sociaux.
Le site le plus connu est l’américain Kickstarter. On y trouve les projets les plus divers: musique, cinéma, danse, théatre, art, design, etc. Les sommes recherchées peuvent aller jusqu’à plusieurs millions pour des films. En France, le site MyMajorCompany s’était d’abord profilé pour soutenir des projets musicaux. L’éventail est maintenant plus varié. Il est même possible de soutenir des projets de restauration de monuments historiques, comme le pont-levis du Mont Saint-Michel, et d’obtenir ainsi une déduction fiscale. Enfin, il existe un site analogue en Suisse, wemakeit, qui soutient des projets artistiques, créatifs et innovants, couvrant les catégories suivantes: l’architecture, l’art, la bande dessinée, la communauté, la cuisine, la danse, le design, les initiatives pour enfants, le cinéma, les jeux, la littérature, la mode, la musique, la photographie, la publication, la scène, la science, la technologie. A ce jour, 235 projets ont été couronnés de succès.
Il ne faut pas se leurrer. Il ne suffit pas de publier son projet sur une plateforme de financement communautaire pour obtenir l’argent souhaité. La préparation du dossier prend du temps. Il faut des images, une vidéo. De plus, il est important de relayer la publication sur le site auprès de ses connaissances, fans ou dans les médias sociaux. Il faut continuer à informer sur le déroulement de la campagne et surtout il faut convaincre en faisant preuve d’imagination, notamment dans la conception des contreparties. Enfin, il faut considérer que cette campagne assure une partie du financement et non pas l’ensemble.
wemakeit

samedi 9 février 2013

Design fiction

Jusqu’à présent, la manière la plus évidente d’imaginer le futur est la science-fiction, qui fait une projection des découvertes scientifiques dans des histoires se passant dans le futur. La science-fiction s’adresse à une audience. Le design s’intéresse aux utilisateurs. D’où l’idée d’un “design fiction” permettant d’imaginer le futur non pas à travers des histoires, des textes, mais en imaginant les artefacts du futur. Tour à tour, Bruce Sterling, écrivain,  Anthony Dunne et Rachel Armstrong évoquent cette approche pleine de promesses.

Retour vers le réel

Je suis les conférences Lift depuis plusieurs années et elles nous avaient conduit vers un monde de plus en plus virtualisé. Tout devenait virtuel, jusqu’à l’argent. Les réseaux sociaux conduisaient à une société liquide, au sens où le sociologue Zygmunt Bauman l’entendait. Cette année, c’est le grand retour vers le réel. La technologie n’est plus l’outil qui veut nous affranchir de la réalité. Elle veut au contraire nous en rapprocher. Deux aspects essentiels ont été traité: celui des organisations et celui des artefacts. Dans le domaine des organisations, la question essentielle est de savoir comment ces dernières peuvent s’adapter et survivre dans un environnement complexe et en perpétuelle mutation. Le monde des technologie a inventé des méthodes de gestion permettant de développer des projets rapidement et efficacement et ces méthodes peuvent s’appliquer maintenant à l’ensemble des entreprises. La démocratie peut aussi utiliser les technologies pour permettre aux citoyens de participer d’une manière plus large.
Les objets qui nous entourent redeviennent le centre des technologies. Les imprimantes 3D matérialisent les créations numériques. Les téléphones portables servent à intégrer de nouvelles fonctionnalités dans des objets usuels comme des plateaux de jeu et disparaissent de notre vue. Des kits électroniques permettent de créer soi-mêmes des artefacts, reliés à Internet ou pas. Grâce à la plateforme Etsy, il est possible d’acquérir les objets fabriqués par des milliers d’artisans à travers le monde. Sans oublier les plaisirs des sens: grâce à une application, on peut régler l’intensité d’un vibromasseur. L’objet, celui qui le conçoit (designer) et celui qui le fabrique (artisan) sont de retour. Finalement les savoir faire n’ont jamais disparu, liquéfiés dans l’univers numérique. Ils se sont réinventés, comme ils n’ont jamais cessé de le faire. S’ils ont survécu à la mécanisation, à la machine à vapeur, à l’électricité, à l’électronique, ils survivront aussi à l’informatisation. Mieux encore, ils en tireront parti.
Imprimante_3D
Il faut voir cette évolution comme un signe de mûrissement des nouvelles technologies. Elles ont d’abord exploré la virtualisation à travers un voyage fascinant, au cours duquel on a cherché à tout numériser: textes, images, sons, relations sociales, etc… . Maintenant elles s’intéressent à l’actualisation. On en revient à la réalité tangible, aux objets, aux lieux, aux surfaces. Mais il faut être conscient que virtualisation et actualisation forment un cycle, comme l’a bien montré Pierre Lévy. On voit déjà des questions qui pointent sur les retombées des imprimantes 3D dont l’usage est à double sens. Un réparateur qui téléchargera et imprimera des pièces détachées en fait un usage intelligent, contrairement à celui qui produira toutes sortes de gadgets inutiles et qui ne contribuera qu’à créer plus de déchets. Rappelons-nous qu’on a jamais tant imprimé depuis que les imprimantes numériques existent. Il ne faut cependant pas tomber dans le catastrophisme. Les neurosciences nous apprennent que les technologies ne font qu’imiter la nature et ne s’en éloignent jamais tout à fait: c’était le cas de l’écriture et de la musique. C’est certainement aussi celui des technologies actuelles qu’on accuse peut-être à tort de toutes sortes de maux. Cela nous incite à penser que ces cycles de virtualisation et d’actualisation se succéderont, apportant tour à tour des correctifs aux exagérations. Bien entendu, cela ne dispense pas l’homme de se montrer responsable, critique vis-à-vis des technologies et de leurs applications. Il faut espérer qu’un jour, on parlera de philosophie et d’éthique à Lift.

vendredi 8 février 2013

Lift tombe le haut ...

Lift ose tout et consacre une session au divertissement pour adultes, mais bien entendu pour montrer combien ce monde est générateur d’innovations dans le monde d’Internet. Âmes sensibles s’ abstenir. Le présentateur commence par rappeler l’existence de workshops en parallèle. Kate Darling, chercheuse au MIT, rappelle qu’il s’ agit d’une industrie. La demande pour ce type de contenu est très forte. Elle correspond à 20-30% du trafic sur le Web. Il y a peu d’études à ce sujet. La propriété intellectuelle en est l’un des enjeux. La protection des données également. Le site You Porn a remis le modèle en question. Il est difficile de vendre seulement le contenu. Il faut des services et de l’expérience en plus pour gagner de l’argent. L’expérience se fait autour des webchats et des possibilités d’interaction. Cette industrie est en constante mutation. Elle voit dans les technologies une opportunité. Garion Hall, qui s’ occupe d’un site pour adultes, en explique les pilliers: la plateforme, le contenu, les services et le paiement. Il assume son business tout en se réclamant d’un certaine responsabilité sociale envers ses employés, ses modèles et ses clients. Il précise que son activité a été très profitable entre 2004 et 2009 et qu’elle est moins rentable actuellement. Heather Kelley, Game Designer, a conçu une application pour iPad permettant de commander un vibromasseur. Elle en a fait la démonstration en faisant vibrer l’appareil déposé sur une assiette. Les sites pour adultes constituent un part non négligeable d’Internet, mais dont on parle rarement. Lift l’a fait …

Avalanche d'informations

La première session de vendredi est consacrée aux moyens de gérer l’avalanche d’informations générée par les nouvelles technologies. Comment s’y retrouve-t-on ?
Atau Tanaka nous parle de la prochaine révolution technologique liée à l’émergence des imprimantes 3D à bas prix. Que ferons-nous avec ces imprimantes? Il est possible d’imprimer en 3D des foetus, ce qui semble plutôt morbide.  Est-ce la fin du design? Une nouvelle voie pour la créativité? On parle de “crapjets” pour désigner des objets en basse résolution imprimés en 3D. Plutôt moche … Et que dire des conséquences environnementales. Ferons-nous un usage responsable de ces nouveaux instruments? Un usage dionysiaque, excessif ou un usage apollinien basé sur la qualité et l’excellence? La 3D entrera-t-elle dans le monde du bricolage, comme le laisse penser l’apparition de logiciels 3D grand public? Que de bonnes questions avant de voir nos maisons envahis d’objets hideux et inutiles !
Sebastian Dieguez porte la vision des neurosciences sur les technologies. De nombreux articles parlent des problèmes causés par les nouvelles technologies. La liste de troubles supposés; dont le syndrome FOMO, est longue. Il y a cependant peu d’évidences scientifiques.  Il faut renverser la question: comment le cerveau impacte les technologies ? Trois exemples en donnent une idée.  Premier exemple : une expérience démontre que le système tactile peut avoir une illusion,  comme sentir un objet externe.  Cela peut être exploité.
Deuxième exemple : l’hypothèse Changizi-Dehaene postule que le système d’écriture détourne le cerveau. L’écriture est une technologie. Elle est faite de traits, en moyenne trois. Il y a un nombre limité de possibilités.  On étudie la fréquence d’apparition de ces combinaisons. En prenant une base d’images de la nature prises au hasard,  on trouve aussi des lignes.  La fréquence d’apparition est identique.  Il y a un endroit dans le cerveau sensible à ces lignes et l’écriture s’ y est conformée. La culture est en phase avec la nature. Il en va de même avec la musique (cultural harnessing or recycling). Dernier exemple : le cerveau humain a des limites.  Il faut les exploiter.  On demande à des gens de donner au hasard des chiffres entre 1 et 6. C’est très difficile.  Ils essaient d’éviter les répétitions et ensuite ils font des cycles.  Le cerveau n’arrive pas à oublier ce qu’il a dit. C’est pourquoi c’est une tâche impossible. Pour terminer, voici les conseils du neuroscientiste à ceux qui développent des nouvelles technologies : il faut se laisser inspirer par la nature, se concentrer sur une seule tâche et exploiter les biais et les failles du cerveau.

Réinventer l'artisanat

Lift consacre une séance à l’importance des métiers et des pratiques artisanales.
Caroline Drucker évoque le retour de l’artisanat, notamment à travers le site Etsy. Comment les petites entreprises, les artisans peuvent survivre dans le monde globalisé ? Comment accéder au marché.  Les barrières sont le manque de connaissances,  l’accès au capital? Il y a des plateformes de crowdfunding pour ke financement.  Pour l’accès au marché,  il y a Etsy. Le site compte 800’000 boutiques. Le chiffre d’affaire continue à croître. Le secret du succès: décentralisation,  transparence et efficacité. 72% des vendeurs sont des femmes.  Le site donne beaucoup d’informations sur leur boutique et ses résultats.  Des rencontres sont organisées pour améliorer les compétences entrepreneuriales.
Massimo Banzi nous parle de l’artisanat basé sur des produits électroniques.  Le but d’Arduino est de prendre quelque chose de complexe pour en faire quelque chose de simple.  La carte Arduino est utilisée dans des imprimantes 3D, des petits hélicoptères,  des capteurs pour plantes. Le hardware et le logiciel sont open source,  la documentation sous Creative Commons. Avec ce matériel,  il est possible de créer rapidement des objets,  pour valider son idée.
Oliver Reichenstein explique comment appliquer l’idée d’artisanat aux nouvelles technologies.  D’après Socrate, les politiciens sont des imposteurs, les poètes et les prophètes ne comprennent pas leur monde.  Seuls les artisans savent vraiment quelque chose.  L’artisan est celui qui a une maîtrise.
On peut être artisan dans le monde digital. Qu’est ce que le digital?  C’est ancien et pas du tout lié à l’électronique.  Le code digital le plus ancien est l’alphabet.  Les maîtres de l’époque classique ont étudié longtemps auprès de leurs maîtres, en s’enrichissant mutuellement: Platon est resté 10 ans auprès son maître Socrate.  Les maîtres de l’époque des Lumières ne se sont pas rencontrés: ils correspondaient par lettres. C’était des relations surtout intellectuelles.
Les artisans sont proches des choses et se ressemblent beaucoup d’une culture à l’autre. Ils apprennent de ce qu’ils font, progressent pas à pas. On peut devenir un artisan par soi-même. Pour devenir un maître, il faut trouver un maître et il faut le rencontrer réellement.
A noter qu’Oliver Reichenstein a créé une police de caractères uniquement pour sa présentation à Lift.
Par cette session très intéressante,  Lift rend compte du retour en force de l’artisanat, même dans les nouvelles technologies.

jeudi 7 février 2013

Porter un regard neuf

le second jour de la Conférence Lift Commence par une Session consacrée à la résilience. La question de fond est de savoir comment une organisation peut gérer la volatitité, l’incertitude, la complexité et l’ambiguïté qui sont les caractéristiques du monde actuel.
Selon Venkatesh Rao, il faut reprendee le modèle du renard tel qu’il est décrit dans de nombreux contes et qui s’ oppose au modèle du hérisson. Il faut construire sur les contradictions et non sur des valeurs.  Il faut préserver la mémoire,  plutôt que de se baser sur son identité pré-établie.  A l’amour, il faut préferer l’aventure. Ainsi des valeurs, une identité, la vérité et l’amour vont finir par émerger.
Noah Raford commence par expliquer qu’il est difficile de prédire le futur dans Un monde complexe. L’anticipation est essentiel: un joueur de hockey dit qu’il est important de voir où le puck sera et non pas où il est. Cela demande de la souplesse d’esprit.  Il faut se demander ce qui va changer, imaginer des scénarios et prévoir des ressources.  Les modèles mentaux doivent être synchronisés. Une trop grande confiance peut être dommageable.  Il faut être capable de percevoir le présent. Il vaut mieux être surpris par des simulations qu’aveuglé par la réalité. Le Web change la manière dont nous pensons les prédictions, grâce aux médias sociaux et au crowdsourcing. C’est plus rapide et cela coûte moins cher. Il y aussi des outils permettant de visualiser la complexité. 
Konstantina Zoehrer raconte comment elle a décidé de quitter la Grèce et comment elle y est revenue pour travailler au (re) développement du pays suite à la crise qui y sévit. Elle nous invite à changer le regard que nous portons sur la réalité.   crise doit être vue comme la possibilité d’induire des changements.
Les conférenciers de ce matin nous invitent à changer nos modèles mentaux pour être capables de nous adapter dans un monde complexe en perpétuelle mutation.

Flexibilité dans l’entreprise

Lift consacre une session aux méthodes de gestion permettant d’intégrer dans l’entreprise la dose de flexibilité permettant l’innovation.  Ces méthodes s’ inspirent de celles qui permettent le développement de logiciels.
Dave Gray évoque la zone organisationnelle idéale pour l’innovation, qui ne doit être ni trop chaotique,  ni trop régulée. Il parle faut des unités semi-autonomes dans l’entreprise et certains services partagés. Il donne l’exemple de la profonde mutation induite par Lou Gerstner pour sortir IBM des difficultés que cette entreprise a connues dans les années 90, parce que la volonté de pratiquer certaines valeurs l’avait rendue rigide. Plutôt que des valeurs,  il faut construire une carte de la culture de l’entreprise,  qui décrit les croyances, les valeurs, les règles et les comportements.
Selon Abhijit Bhaduri, l’agilité est la capacité pour une entreprise de changer sa configuration initiale pour s’ adapter aux changements.  Comment de très grandes entreprises peuvent y arriver? Il donne l’exemple de Wipro, une entreprise indienne de 140’000 employés.  Il faut aller au-delà de l’entreprise.  Wipro a par exemple investi dans l’éducation.  Il faut savoir briser ses propres règles, changer le business model. L’âge moyen des employés est 29 ans.  L’entreprise est sans cesse à la recherche d’idées nouvelles et est prête à investir dans des échecs pour mieux apprendre. Les meilleures idées ne viennent pas forcément des experts,  mais de gens sans expérience ou connaissances spécialisées.
Daniel Freitag, fondateur de l’entreprise créant des sacs du même nom, ne nous dira rien à propos de sacs, de camions dont les bâches constituent la matière première,  ni d’autoroutes où roulent ces camions, mais de la structure agile de l’entreprise.  Une erreur à ne pas commettre: avoir des spécialistes,  des départements difficiles à gérer.  Il faut de l’intégration.  Freitag utilise la méthode SCRUM, issue du monde des technologies de l’information.  Le défi consiste à l’adapter à son propre business. Un déménagement a donné l’occasion de redéfinir l’environnement de travail.  Il y a partout des tableaux magnétiques permettant de dessiner des idées. Il faut distinguer l’organisation de projets du reste des opérations.  La planification du budget est très contre-productive. Les valeurs partagées existent: l’enjeu est de les garder, de les diffuser. Chaque nouvel employé reçoit une introduction.  Pour la vue d’ensemble, il y a un grand tableau analogique avec des couleurs donnant l’état des différents projets. 
Ces trois présentations montrent qu’il est possible, pour une entreprise,  quelle que soit sa taille, de rester innovante, pour autant qu’elle soit capable de sortir de certains sentiers battus.

mercredi 6 février 2013

Créativité mobile

La conférence Lift nous propose une session consacrée à la créativité que peuvent susciter les appareils mobiles. Selon Geoffrey Dorne, designer, les technologies mobiles changent de nombreux usages et sont porteuses d’innovation. Le principe est maintenant un usage, une app. En tant que designer, il faut être à l’écoute des signaux faibles.
Il y a un retour au côté sensible, émotionnel dans les apps, notamment avec la fonction tactile. On a envie de toucher la musique.
Il y a un retour à la matérialité: l’imitation du réel dans le virtuel n’est plus intéressante (skeuomorphisme). On sort du téléphone et on envoie une carte postale réelle. L’ipad devient le plateau du jeu, mais on utilise des vrais pions.
Demain le téléphone va se dématérialiser, se cacher sous le plateau de jeu ou dans un autre dispositif. Il ne sera plus qu’une machine à capter.
Il y aura plus de proximité entre l’objet et l’intime.  Les usages et les apps sont à prendre comme des signes d’évolution sociale, d’où l’importance de rester à l’écoute des signaux faibles.
Christopher Kirkley observe la création culturelle en Afrique de l’ouest. Les téléphones portables y sont utilisés différemment. Ils permettent de créer des images et des vidéos que les gens partagent ensuite d’appareil à appareil. Elles circulent dans un réseau de gens qui se connaissent et qui se déplacent. La musique constitue l’un des contenus les plus importants.  Elle est créée dans des studios de fortune et circule sur les téléphones. C’est un phénomène essentiel pour la diffusion de la culture des minorités.  De plus en plus de téléphones sont connectés à Internet en Afrique.  Cela permettra de décloisonner la création culturelle. 

Lift 13 : c'est parti !

Le premier après-midi de la Conférence Lift 13 est consacré au renouvellement que les technologies de l’information peuvent apporter à la démocratie aujourd’hui. Le conseiller administratif de la ville de Genève, Sami Kanaan est venu nous entretenir de ce sujet. Selon lui, la technologie peut soutenir les processus démocratiques, mais elle ne remplace pas les outils usuels de la démocratie comme un parlement. La démocratie a également besoin de temps. Maximilian Stern, directeur de foraus, parle de la démocratie collaborative. Au moment où de grands défis sont à relever, les partis politiques ont de moins en moins d’adhérents. Les gouvernements doivent trouver de nouvelles méthodes pour mieux intégrer la population dans les prises de décision: démocracie directe, participative ou délibérative. Maximilian Stern propose l’idée d’une démocratie collaborative qui permet aux gens de travailler avec le gouvernement pour trouver des solutions. Analyser, informer, débattre, avoir des expertises, planifier, s’engager en sont les ingrédients. L’Islande a, par exemple, utilisé les médias sociaux pour élaborer sa constitution. Nous avons maintenant un usage limité et partiel des technologies dans les processus démocratiques. Il s’agirait de les combiner maintenant. Mican Daigle propose de faire un upgrade de la démocratie. La démocratie est à la fois une idée et un système. On peut être d’accord avec l’idée et être en désaccord avec le système. Il y a plusieurs systèmes possibles: direct, représentatif. Tous deux présentent des désavantages. L’humain a ses propres limites: il ne connaît pas tout et ne fait confiance qu’à des personnes proches. Mican Daigle propose donc une démocratie en réseau. Les réseaux sont dynamiques, adaptables. Pour changer quelque chose, il faut créer un réseau. Mican Daigle serait bien inspiré d’étudier le système politique suisse. Gudrun Pétursdóttir nous raconte l’histoire de la révision de la Constitution islandaise. L’idée d’impliquer le peuple émergea. Une assemblée nationale de 1000 personnes choisies au hasard a été créée. Les résultats des discussions furent publiées le lendemain. Un conseil constitutionnel fut élu et son travail se fit de manière ouverte au public. Chacun avait la possibilité de participer. Le parlement doit maintenant adopter la nouvelle constitution. Il traite de la constitution depuis 2011 et de nouvelles élections sont prévues au printemps. La question de savoir si le parlement va enfin adopter ce texte auquel le peuple a tant participé reste ouverte. Ce qui est certain c’est qu’après cette initiative visant à donner la parole au peuple, il sera difficile de ne plus l’impliquer. Jake Levitas et Luc Meier présentent un concours de visualisation de données publiques provenant de plusieurs villes dont San Francisco. Les nouvelles technologies se sont déjà invitées dans le débat démocratique. Elles ne sont pas la panacée, présentent quelques problèmes comme la protection des données. En même temps, elles permettent une certaine participation, souvent à court terme; elles accroissent la transparence et elles peuvent contribuer à intégrer plus de monde pour résoudre des problèmes toujours plus complexes. Comme il y a plusieurs types de démocracie, il y a plusieurs voies pour intégrer les technologies dans la prise de décision. Néanmoins l’expérience politique que j’ai eu pendant des années dans une expérience de démocratie virtuelle dans Second Life m’a amenée à me méfier de la substition par des consensus issus de processus de consultation flous à des méthodes formelles d’élection et de vote. La validité et la traçabilité des décisions démocratiques doit être garantie.

samedi 19 janvier 2013

La visibilité de l’archéologie suisse sur le Web

Le projet HORIZONS 2015, soutenu par de nombreuses associations, groupes de travail et organisations d’archéologie, a pour ambition, au cours des années 2010-2015, de répondre aux défis posés à l’archéologie en Suisse : polémique sur la réduction du droit de recours des associations, augmentation des fouilles de sauvetage dû au boom de la construction, manque de temps pour l’élaboration des données acquises lors des fouilles d’urgence, insuffisance des structures nationales dans la mise en place de stratégies de recherche, de thèmes et de standards communs, coupes budgétaires, situation précaire de l’emploi pour de nombreux archéologues, réduction des effectifs des diverses associations, etc. Suite à un concours d’idées, plusieurs groupes de travail ont été mis en place, dont un groupe « Nouvelles  technologies et médias ». L’association HORIZONS 2015 a organisé une manifestation destinée à tracer un premier bilan des divers travers. Cette manifestation s’est tenue à Bâle le 18 janvier 2013.
 Evaluation de la présence de l’archéologie suisse sur Internet
Le groupe de travail « Nouvelles  technologies et médias », dirigé par Robert Michel (@archeofacts), et dont je fais également partie, a pour mandat de réfléchir à l’utilisation des nouvelles technologies dans le domaine de l’archéologie suisse . Il a décidé de commencer ses travaux par un inventaire des ressources disponibles en ligne. Cet inventaire contient les sites Web des services cantonaux d’archéologie, des musées comportant une collection d’archéologie, des instituts universitaires d’archéologie, des organisations faîtières ainsi qu’un certain nombre de ressources en ligne liées à l’archéologie suisse.
Une fois l’inventaire établi, les différents sites ont été analysés selon une liste de critères : type de site (page d’information, site brochure, ressource), intégration dans un portail ou site indépendant, logique de la structure de navigation (thématique, organisationnelle, selon des tâches, géographique), présence d’actualités, de ressources en ligne (par ex. publications, rapports, …), de listes de liens vers d’autres sites, d’informations géo-localisées (par ex. carte archéologique), d’explications sur les méthodes de l’archéologie, d’informations concernant les procédures d’annonce de découverte ou les bases légales de l’archéologie.
Miroir de l’organisation de l’archéologie institutionnelle
Cette analyse des sites permet d’établir une première synthèse sur la présence de l’archéologie suisse sur Internet. Les informations disponibles sur le Web ne permettent pas de donner une image d’ensemble du thème en question. Elles constituent essentiellement un miroir de la manière dont l’archéologie est organisée, qu’il s’agisse d’archéologie préventive, de recherche académique ou de mise en valeur muséale. Le fédéralisme de la Suisse veut que l’archéologie préventive soit de la responsabilité des cantons. Il en va de même des universités. Quant aux musées, ils peuvent être intégrés dans une structure cantonale ou communale. Les sites d’organisations faîtières, sans doute pour respecter cette autonomie cantonale, se contentent de créer des liens vers les sites des diverses institutions. Il faut cependant être conscient que, pour une personne qui ne connaît pas le système suisse, la recherche d’information est quasi impossible. En effet, il faut savoir au préalable dans quel département de l’administration cantonale l’archéologie est intégrée ou dans quelle faculté d’une université elle est enseignée. Ainsi, presque tous les sites présentent des listes de publications et parfois les offrent en téléchargement en PDF. Ces publications sont éparpillées sur de nombreux sites. Une personne souhaitant s’informer sur le Néolithique suisse doit visiter donc tous les sites des services cantonaux d’archéologie. Il en va de même de la rubrique « Actualités » disponible dans la plupart des sites : il n’y aucun moyen de s’abonner à l’ensemble des actualités.
Plus grave encore, aucun des sites observés ne présente les principales périodes, cultures et objets représentatifs de l’archéologie de la Suisse dans une forme accessible au grand public et cela alors que les technologies de l’information permettent de mettre à disposition à peu de frais des informations sous des formes visuelles très attractives (frise chronologique, carte de géographie, galeries de photos par exemple).
Timeline MET
Le matériel photographique de qualité est rare. Les différentes institutions rechignent à mettre à disposition des images d’objets qui appartiennent pourtant au domaine public et qui ont été trouvés, conservés et mis en valeur majoritairement grâce à des fonds publics.
Les informations géo-localisées sont rares et, d’une manière générale, l’information archéologique ne tire pas parti des technologies les plus récentes, comme les téléphones portables équipés d’un GPS ou la réalité augmentée. Il n’y a pas de traces non plus d’utilisation d’applications collaboratives (Web 2.0). A part dans certains musées, les médias sociaux sont très peu utilisés.
Méconnaissance de l’expérience de l’utilisateur
Si les spécialistes locaux de l’archéologie, qui savent comment elle est organisée, peuvent éventuellement se contenter de la situation actuelle, elle ne satisfait pas d’autres groupes d’utilisateurs, dont voici quelques exemples : chercheurs étrangers, grand public suisse et étranger, touristes potentiels, écoliers, gymnasiens et étudiants, journalistes, décideurs et bailleurs de fonds.
Si les institutions archéologiques elles-mêmes ne mettent pas à disposition une présentation synthétique et grand public de l’archéologie de la Suisse, la manière dont elles publient leurs données et l’absence d’une culture du partage de l’information constituent un véritable blocage qui empêche cette information d’être accessible via des plateformes extérieures très utilisées. Ainsi une recherche sur Google avec le terme « Archéologie de la Suisse » conduit directement vers les sites d’organisations faîtières qui ne contiennent justement aucune information thématique, se contentant de renvoyer vers les sites des institutions cantonales.
Recherche Google
Requête sur Google avec le terme “Archéologie de la Suisse” effectuée le 19.01.2013 (cliquer sur l’image pour l’agrandir)
Pire encore, l’article « Archéologie suisse » dans Wikipédia, un des sites les plus consultés au monde, contient seulement une mention de la revue du même nom. Là non plus, aucune mention des principales périodes et cultures. Aussi bien sur Google que sur Wikipédia, on parvient à des résultats analogues avec des recherches en langue allemande.
Wikipédia "Archéologie suisse"
Des solutions ?
La présentation de ce premier bilan a provoqué une onde de choc lors de la rencontre de Bâle. En effet, chacun a pu prendre conscience qu’en dépit d’efforts louables, l’efficacité de la communication concernant l’archéologie de la Suisse à destination du grand public n’est guère efficace.
Pour remédier à cet état de fait, il faudrait effectuer une révolution culturelle. Il paraît en effet essentiel de sortir tout d’abord de la logique institutionnelle dans la communication à destination du grand public. Ensuite il faudrait adopter une attitude radicalement différente vis-à-vis des droits d’utilisation. Anecdote amusante : lors de la présentation de ces résultats, une personne dans le public a déclaré que lorsqu’il a demandé une photographie en version numérique à un musée, ce dernier lui a envoyé, en plus de la photo, une facture. Une représentante du musée en question s’est empressée de dire qu’il fallait prendre contact par téléphone pour avoir un rabais. Voilà qui rend la diffusion des informations singulièrement compliquée. Qu’on le veuille ou non, les découvertes archéologiques font partie du domaine public. Elles sont conservées, étudiées et mises en valeur grâce à des fonds publics. Il faut donc instaurer une culture du partage, en mettant à disposition des informations et des photographies sous des licences permettant leur réutilisation et utiliser les plateformes de partage de l’information les plus populaires comme Wikipédia ou Flickr. La nature et le format des informations pourraient aussi faire l’objet d’une réflexion : si la rigueur scientifique est de mise dans les publications à destination des archéologues professionnels, une approche journalistique et un accent mis sur des anecdotes illustrant le travail des archéologues et de ceux qui les entourent intéressera plus le grand public. Publier sur Internet ne suffit peut-être pas pour diffuser des informations. Les médias sociaux devraient être donc mieux exploités pour toucher un public plus vaste. Enfin il serait bon que les archéologues et notamment les étudiants en archéologie aient la possibilité d’acquérir des connaissances dans le domaine des nouvelles technologies.
Les solutions permettant de mettre en valeur l’archéologie de la Suisse sur Internet existent. Elles vont de l’amélioration des informations sur Wikipédia à la création d’un portail d’actualités de l’archéologie suisse en passant par la réalisation d’applications pour téléphones mobiles intelligents. Certaines n’entraînent aucun frais alors que d’autres supposent des ressources et un ancrage institutionnel. L’établissement d’un catalogue de solutions et de mesures est le but que ce groupe de travail  « Nouvelles  technologies et médias » doit maintenant poursuivre d’ici à 2015.
Lire encore à ce sujet une note sur le blog Archéo Facts tenu par Robert Michel.
Slides de la présentation