dimanche 31 décembre 2006

Meilleurs voeux

Tous mes voeux pour la nouvelle année, que vous la fêtiez dans la vie réelle ou dans le monde virtuel.



Dans Second Life, le champagne coulait à flot:


Sim Amsterdam

jeudi 28 décembre 2006

Redonner voix au chant

C’était il y a quelques années. Alors assistante de grec ancien à l’Université, j’étais en charge d’expliquer aux étudiants la théorie selon laquelle les épopées homériques, l’Iliade et l’Odyssée, tiraient leur origine d’une tradition orale. Personne ne doute de cette origine, mais deux théories s’opposent sur la composition des poèmes attribués à Homère. Selon les uns, seul un poète unique (ou deux poètes, un pour l’Iliade et un pour l’Odyssée) ont composé ces poèmes et leur longueur imposait l’usage de l’écriture. Selon les autres, ces poèmes ont été composés dans le cadre d’une tradition collective d’aèdes, qu’on aurait, suite à la disparition de ladite tradition, personnifié sous les traits d’un poète aveugle, Homère, dont l’existence historique est douteuse.


Homère et son guide, William Bouguereau (extrait)

Parmi les savants qui ont défendu cette position, il faut mentionner l’américain Milman Parry (1902-1935). Ce dernier a présenté une thèse à la Sorbonne, où il démontre le caractère formulaire du langage homérique : ce langage fonctionne un peu comme un jeu de construction danois, fort apprécié de nos enfants. Il est formé de groupes de mots, des formules, qui groupent nom et épithète (Athéna aux yeux pers, Zeus assembleur des nuées, …), de morceaux de phrases (des mots s’échappèrent de la barrière de sa bouche), voir de petites scènes. L’aède (poète oral) assemble ces formules pour former son poème. Les histoires répondant elles-mêmes à des canevas, le poète improvise à chaque fois son poème.
Les tenants du poète unique et de la composition écrite renvoyaient toujours l’argument de la longueur pour démonter la théorie de leurs adversaires : lire l’Odyssée de bout en bout prend environ 24 heures. Milman Parry souhaitait alors montrer qu’une tradition orale était capable de composer des poèmes, sans recourir à l’écriture. Le moyen le plus évident de faire cette démonstration était d’en trouver des exemples vivants. C’est pourquoi Milman Parry s’est rendu dans les Balkans (dans les années 30) avec du matériel d’enregistrement. Il y avait encore là une tradition orale vivante. Milman Parry a fait de nombreux enregistrements de poètes oraux et, après sa mort accidentelle, Albert Lord a poursuivi ses travaux. Malheureusement pour ces deux chercheurs, cette tradition orale ne présentait pas de très longs poèmes, d’une durée équivalente à celle des poèmes homériques.
A l’époque où je présentais leurs travaux, qui présentaient de toute façon un intérêt sur les techniques d’improvisation à partir d’un style formulaire et de canevas, j’avais lu que tous les enregistrements qu’ils avaient faits dormaient dans les compactus d’une université américaine et qu’ils avaient finalement été peu exploités. C’était un triste constat de voir les témoignages d’une des dernières traditions orales européennes pratiquement inaccessibles et condamnés à l’oubli.
Ce fut donc une agréable surprise de découvrir que, grâce aux techniques de numérisation et à Internet, la situation avait finalement évolué. En effet, les enregistrements sont numérisés et, peu à peu, mis à la disposition de tous ceux qui sont susceptibles de s’en occuper, sur le Net. Cette banque de données n’intéressera plus forcément les hellénistes, au premier chef, mais les folkloristes, les spécialistes des Balkans. Et peut-être qu’on trouvera une partie des réponses aux questions de Parry et Lord.
La numérisation et la mise en réseau d’information peut redonner vie à toutes sortes de corpus qui dorment dans des caves de bibliothèque. Ceux qui en seraient les meilleurs spécialistes habitent peut-être trop loin pour venir les étudier, mais si ces documents sont disponibles sur Internet, ils auront la possibilité de les exploiter. Et le savoir humain en sera d’autant plus augmenté.

http://www.chs.harvard.edu/mpc/

dimanche 24 décembre 2006

Le Père Noël existe

... dans Second Life. Vous pourriez l'apercevoir en vous promenant en divers endroits. Il fait du patin dans Christmas Wonderland et se promène dans son traîneau tiré par des rennes au-dessus du magasin Blaze.



On trouve partout dans Second Life des attributs de la fête de Noël. On ne compte plus les sapins décorés et on peut même voir une crèche:



Si vous cherchez une célébration plus originale, vous pouvez toujours célébrer les Saturnales dans le sim Nova Roma. Cette fête tombait à la même période que le Noël des Chrétiens (si ce n'est pas le contraire...). Malgré le sapin de Noël qui ornait le Forum, c'est bien cette fête qui avait lieu. Je n'en ai vécu qu'une partie. A l'occasion d'une réunion du Sénat, dans la Curie, l'empereur Julianus Caesar a distribué aux avatars présents des dons pour les Saturnales (soit 300 L$). Ces dons sont à l'origine de nos étrennes.



Mais si vous voulez échapper à toute cette excitation de Noël, vous pouvez toujours vous réfugier dans un ashram et méditer en paix.

mercredi 20 décembre 2006

Le livre du futur

On discute depuis un moment déjà de l'influence des ordinateurs et d'Internet sur les livres:

- le traitement de texte avec sa technique "couper-coller" succède à la machine à écrire ou au manuscrit. Il devient plus simple de retravailler ses textes, de déplacer des paragraphes.
- les versions numérisées entrent en concurrence avec les versions papiers. Elles ne sont pas plus pratiques à lire, mais elles offrent d'autres possibilités comme la recherche dans le document. Le livre papier n'est cependant toujours par mort et, depuis la naissance de l'informatique et d'Internet, on n'a jamais autant imprimé. Le e-book, lisible sur divers supports (organiseurs, téléphones portables, iPod), se développe sans mettre trop en danger le livre papier.

La prochaine révolution concernant le livre est en marche et c'est la notion même d'auteur qu'elle remet en question. L'écriture collective existe depuis longtemps, mais Internet lui offre des outils qui pourront peut-être lui conférer un véritable statut.
Le premier exemple d'écriture collective est Wikipédia. Contrairement à l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, il n'a ni auteur, ni éditeur et c'est une communauté virtuelle qui veille sur son développement.

http://fr.wikipedia.org/

Autre exemple intéressant: une encyclopédie datant de l'époque byzantine et rédigée en grecque, la Souda, est en cours de traduction sur Internet depuis dix ans. Elle compte environ 30'000 entrées et n'a jamais été traduite dans une langue moderne. L'entreprise n'est possible qu'avec la collaboration de milliers de personnes. Une équipe a donc décidé de mettre en place un système sur Internet, permettant de gérer la traduction et d'offrir le résultat en consultation. Chaque personne possédant les compétences requises (connaissance du grec ancien et rédaction en anglais) peut s'inscrire. Certains professeurs de grecs assignent même des articles à traduire à leurs étudiants, ce qui peut constituer un excellent travail de séminaire. Il y aussi dans ce projet un contrôle de qualité, le but étant que chaque article soit revu. Actuellement plus de 20'000 contributions sont en ligne. D'un point de vue technique, les contenus sont en XML. Il est possible de faire des recherches dans le corpus et le tout est accessible gratuitement.

http://www.stoa.org/sol/

Il est possible de tirer parti encore autrement d'Internet dans l'écriture d'un ouvrage: c'est l'écriture en ligne autorisant les lecteurs à faire des commentaires directement sur les paragraphes de l'ouvrage. Un professeur de journalisme de l'Université de New York est en train d'écrire un papier intitulé: "The Holy of Holies". Son texte est disponible sur le Net et chacun peut poster des commentaires. C'est l'"Institute for the Book of future" qui lui a mis en place un prototype permettant d'engager un dialogue avec ses lecteurs déjà au cours de l'écriture.

http://www.futureofthebook.org/mitchell ... yofholies/

http://www.futureofthebook.org/



Comme on le voit, Internet ne bouleverse pas seulement l'accès aux livres, les formats, les recherches documentaires, mais également l'écriture qui, auparavant, était le seul fait d'un personnage hautement sacralisé, l'auteur.

dimanche 17 décembre 2006

VOUS! YOU!

Time Magazine vient de dévoiler la personnalité de l'année. Après avoir scruté l'année 2006 et tous ses malheurs qui ont touché l'Irak, le Liban et d'autres contrées encore, ses rédacteurs n'ont pas vu une personnalité qui avait pu, d'une manière ou d'une autre, infléchir le cours des événements.
Ces journalistes ont en revanche constaté que dans un domaine, la situation avait profondément évolué: en effet, le Web 2.0, ainsi qu'on le nomme, met en avant un nouvel acteur, un acteur collectif et collaboratif, la communauté des internautes qui, de plus en plus, ne se contentent pas de surfer et de glâner des informations, mais qui y contribuent. La personnalité de l'année, pour Time Magazine, c'est donc cet ensemble hétéroclite que forment les bloggeurs, ceux qui filment et montent leur production pour la publier dans YouTube, ceux qui corrigent sans relâche Wikipédia, qui construisent des maisons dans Second Life.
Cette foule qui n'est pas tout à fait anonyme, mais si nombreuse qu'il est difficile de faire partie des quelques élus qui deviennent célèbres, ne compte pas son temps, ni même son argent, pour apporter des contenus sur le Web, participer aux débats. Parmi eux, on retrouve l'esprit des bâtisseurs de cathédrales, qui posaient des pierres tout en sachant qu'ils ne verraient peut-être pas la flèche de l'édifice. Qu'est-ce qui nous pousse, nous tous, à continuer à oeuvrer au contenu d'Internet? A participer à sa vie très animée?



Qu'on ne se leurre pas. Données en masse, versées par des foules, ne signifie pas toujours excellence. Dans Internet, le pire côtoie le meilleur. Mais, comme le magazine le souligne, cette expérience mérite d'être tentée. Elle devrait en même temps être observée, analysée. Certains domaines, comme la présentation des contenus culturels, les outils permettant aux chercheurs de mieux collaborer, l'éducation, l'échange entre états et citoyens, etc., mériteraient d'être plus soutenus. Toutefois cette désignation montre bien que, quelles que soient les mesures prises, un nouvel acteur doit être pris en compte: VOUS!

http://www.time.com/time/magazine/artic ... 14,00.html

jeudi 14 décembre 2006

Tout Balzac

Tout Balzac, ça prend un long rayon de la bibliothèque. Qui aurait l'idée de les aligner chez lui, de les voir prendre la poussière et n'être sortis que de temps en temps? Maintenant, pour peu que vous ayez un ordinateur connecté sur le Net (et si vous me lisez, c'est certainement le cas!), tout Balzac est là, dans la bibliothèque virtuelle. Il est là, mais il est aussi présenté de manière intelligente, ergonomique et pourvu d'un outil de recherche permettant de le "feuilleter électroniquement". Vous ne voulez pas lire un roman complet, mais juste savoir ce que Balzac dit de Noël? En une seconde, vous découvrez les 15 occurences de ce mot.


Banc où Balzac est supposé avoir parlé pour la première fois avec Evelyne Hanska, à Neuchâtel (Suisse)
Photo: collection des Travaux publics de Neuchâtel

Bien entendu, pour lire un roman de Balzac, rien ne vaut un volume acheté dans une librairie ou emprunté dans une bibliothèque. Mais pour le feuilleter, pour l'étudier, cet outil est très précieux. Et peut-être encouragera-t-il certains à lire l'ensemble ou une partie de la Comédie humaine.

http://www.v1.paris.fr/musees/balzac/fu ... tation.htm

Quoi qu'il en soit, il ne s'agit pas d'un exemple unique. Nous avions déjà évoqué la publication électronique du roman baroque Artamène. Le support numérique convient particulièrement bien à des corpus étendus. On trouve des exemples cette littérature sur support numérique sur une page de la bibliothèque de l'Université de Chicago:

http://www.lib.uchicago.edu/e/ets/efts/French.html

De telles réalisations vont-elles changer notre façon de lire? Plutôt que de lire un texte du début à la fin, pratiquerons-nous une lecture discursive, allant d'un passage à l'autre, un peu comme quand on prend connaissance de la littérature à travers des recueils, des anthologies et autres chrestomaties? Il s'agira un jour d'étudier les nouvelles habitudes de lecture.

:-(Un petit regret. L'accès à plusieurs de ces oeuvres est restreint aux membres des Universités.

mercredi 13 décembre 2006

L'art numérique: comment gérer?

Depuis quelques temps, l'art numérique s'est imposé. Mais comme d'autres mouvements avant lui, il pause des problèmes nouveaux, notamment posés par la volatilité de son support. En effet, ces oeuvres, créées sur des ordinateurs, survivent difficilement à l'évolution technologique rapide dans ce domaine. Quand ce ne sont pas les machines et les systèmes d'exploitation qui changent, ce sont les standards d'Internet, les logiciels, les formats.



Contrairement à celui de l'art des siècles précédents, celui de la fin du 20ème et de ce début du 21ème siècle sera difficile à maintenir. Comment pourra-t-on visionner ces oeuvres dans quelques décennies? Comment les conservera-t-on? Les institutions responsables de l'archivage culturel commencent à se poser ces questions. Aujourd'hui même a lieu, à Paris, une journée de réflexion sur ce thème, organisée par la Bibliothèque nationale française, conjointement avec une galerie d'art spécialisée dans l'art numérique, Numeriscausa.

Numeriscausa: http://www.numeriscausa.com/
Programme de la journée: http://www.numeriscausa.com/pages/media/docs/netart.pdf

Bibliothèque nationale de France: http://www.bnf.fr/

En Suisse, le projet Archives Actives oeuvre dans le domaine de la mise en œuvre de mesures de sauvegarde et de stratégies de conservation dans le domaine de l'art électronique (bandes vidéo, installations, Internet). Ce projet, menée par la Haute école des arts de Berne, est soutenu par l'Office fédéral de la Culture.

Site du projet: http://www.hkb.bfh.ch/aktivearchive.html?&L=1

A lire, sur l'art numérique:

Mark Tribe, Reena Jana, Art des nouveaux médias, Taschen, 2006

lundi 11 décembre 2006

Launch on line

Depuis mon enfance, j'éprouve une passion pour l'exploration spatiale. Plus d'une fois, j'ai veillé une partie de la nuit pour assister au départ d'une mission. La nuit de samedi à dimanche aussi. La différence cependant était qu'au lieu de me retrouver seule sur mon canapé, j'étais entourée d'autres passionnés de l'aventure humaine dans l'espace. De plus, pour patienter pendant les arrêts du compte à rebours, j'ai pu visiter le musée international des vols spatiaux et visionner un planétarium. Comment est-ce possible? Tout simplement en envoyant mon avatar dans Second Life.

International Spaceflight Museum


Ce musée a été construit par une communauté de passionnés de l'aventure spatiale. Il a démarré sur un terrain de Second Life appartenant à un ami. Mais le propriétaire souhaitant disposer à nouveau de son bien, pour le vendre, un des membres de la communauté a décidé d'acquérir une île , Spaceport Alpha. Les autres membres ont accepté de l'aider à payer les frais mensuels que doit tout propriétaire d'île dans SL. Le musée présente des reconstitutions en 3D d'engins spatiaux. On peut y voir le LEM (module lunaire qui se posait de la lune) ou la jeep lunaire.



Un chemin circulaire permet d'admirer des engins plus grands: des fusées, dont la fameuse Saturn V, qui permit d'envoyer des hommes sur la Lune, ou la navette spatiale. Le musée possède plus de modèles 3D de fusées qu'il ne peut en présenter sur son espace (plus de 50). Il doit donc effectuer des rotations dans ses expositions.



On a aussi un globe qui présente plusieurs animations: la surface d Mars ou les éclairages terrestres pendant la nuit. Il existe aussi un planétarium dans lequel on peut observer les constellations.



L'entrée du musée est gratuite. Il n'en est pas pour autant livré aux visiteurs. On y trouve de nombreuses bornes d'information, des possibilités d'interaction avec les initiateurs et même des membres du staff, prêts à renseigner. La traditionnelle boutique vend des tee-shirts pour avatars. Il faut relever qu'il y a une conception architecturale et muséographique dans ce projet. C'est un endroit attractif et livrant une information de qualité, interactive et attractive.

Les événements

Le musée organise régulièrement des événements concernant l'actualité de l'exploration spatiale. Hier soir, il était possible de visionner en direct le départ de la navette spatiale sur des écrans géants, en laissant son avatar confortablement assis sur des sièges, soit dans la zone VIP cosy soit dans l'arène principale dédiée aux événements.



A l'heure du lancement, l'arène était pleine. L'ambiance était bon enfant et ceux qui le souhaitaient ont pu faire part de leur émerveillement.



Et la NASA?

Le musée international des vols spatiaux est une initiative privée. Mais la NASA se sera pas en reste. Son antenne de recherche, NASA Ames, prépare son arrivée dans Second Life. Elle prévoit de construire complexe dédié à la collaboration scientifique. Elle comportera une reproduction en 3D de ses bâtiments, plus deux zones distinctes, Moon Colab Area et Mars Colab Area, elle met à disposition des espaces pour ceux qui ont des projets intéressants à développer. Il est possible de s'annoncer. Les projets affluent certainement. Pour donner une idée de ce que les gens proposent, en voici un exemple trouvé sur le Net:

http://camden-mitchell.livejournal.com/5028.html

Il y aura certainement une partie dédiée au grand public. L'accueil du Colab est contiguë à celle du Musée international des vols spatiaux.



On peut penser ce qu'on veut de Second Life, qui constitue une sorte de miroir de notre propre société. On y trouve beaucoup de casinos, d'offres liées à la pornographie, d'affaires immobilières et de commerces divers. Parallèlement, l'offre dans les domaines de la culture et de l'éducation n'est pas absente. Loin de là. Chaque jour se tiennent des débats, des discussions sur les thèmes les plus divers. Les musées commencent à apparaître aussi. Le seul inconvénient est l'absence de contenus en français.

Pour en savoir plus:

http://slispaceflightmuseum.org

http://www.metaversemessenger.com/2006archive.htm
Numéros des 9 et 16 mai, 14 novembre 2006

dimanche 10 décembre 2006

Une WebTV politique citoyenne

La campagne présidentielle française se fait aussi sur le Net. Bien entendu, chaque candidat a qui son blog, qui son site collaboratif. Il y a de nombreux blogs commentent aussi les positions des politiciens. Mais maintenant une WebTV donne la parole aux différents candidats. C'est le PoliTIC'Show, qui se présente comme la première WebTV politique citoyenne francophone. Elle a été créée par une équipe de jeunes blogueurs et réalisateurs passionnés. Après avoir commencé par Le Pen, elle livre un interview fleuve de François Bayrou. Ségolène Royale vient de confirmer sa participation. Les interviews sont publiées en plusieurs parties, mais intégralement et sans montage. On finit donc par surprendre les candidats à se gratter le nez... Le ton est plutôt celui de la discussion, où on a le temps d'expliquer ses positions. C'est un avantage par rapport aux télévisions classiques qui oblige les politiciens à livrer leur message en deux minutes (sucré cassé sur le dos des autres compris). Ainsi les citoyens peuvent mieux connaître ceux dont ils inscriront le nom sur un bulletin.



François Bayrou a donné un entretien-fleuve (près de 3 heures). Il paraît ou essaye de paraître comme le candidat des internautes. Ce n'est donc pas un hasard s'il a devant lui un MacBook ouvert. La discussion commence par sa biographie et glisse rapidement sur la version qu'on en trouve sur WIkipedia. Il y était dit qu'il s'était marié à l'âge de 18 ans. Le candidat à la présidence corrige immédiatement: il s'est marié à 20 ans. Il avoue ensuite ne pas savoir s'il peut corriger lui-même cette erreur. En tous les cas, la correction a été apportée depuis. Est-ce lui? ;-)

http://blpwebzine.blogs.com/politicshow/

vendredi 8 décembre 2006

Têtes chercheuses

Peut-être que le champ texte de Google paraît trop désincarné, trop froid à certains utilisateurs. A l'instar des desks d'accueil où on trouve généralement de charmantes créatures, certains moteurs de recherche ont créé une interface humaine, qui prend la forme d'une femme prête à répondre à toutes vos questions. Ms Dewey se vante donc d'avoir d'énormes connaissances. Elle vous invite à écrire votre question...



... puis réfléchit. Elle vous livre enfin vos réponses:



http://www.msdewey.com/

Sur le site de Studyrama, consacré à la formation, c'est Emilie qui se charge de renseigner les visiteurs, en principe des jeunes entre 18 et 25 ans. Il est possible d'écrire des phrases en langage naturel. Emile retourne une réponse et propose un ou plusieurs liens sur des pages du site.
Emilie sait faire d'autres choses. Quand la question n'a pas de sens, elle esquive: changeons de sujet, laisse-moi réfléchir...Mieux encore: elle suit la souris des yeux!

*

http://www.studyrama.com/

Au fait, pourquoi pas des garçons ?

* vivement qu'on passe à la version définitive, le "bêta" laisse planer des doutes quant aux compétences d'Emilie.

jeudi 7 décembre 2006

Vacances romaines

Petite promenade dans Second Life, grâce à mon avatar. La visite débute sur la "New Citizen Plazza" où on trouve, comme dans nos villes, des journaux gratuits. En le feuillettant (concrètement, en ouvrant sa page Web) et on trouve un article intriguant*. Il parle d'univers créés dans Second Life (des sims) sur le modèle des villes de l'époque romaine. Il y en a une qui se nomme Roma et qui est censée ressembler à la véritable Rome antique. Une autre est basée sur le plan de l'Antique Cologne (Colonia Claudia Ara Agrippina). Elle s'appelle Colonia Nova** et offre une particularité supplémentaire: elle constitue une Confederation of Democratic Simulators (CDS), un des plus anciens projets de SL. Il s'agit de communautés qui sont régies par des lois démocratiques et qui élisent leurs autorités. Colonia Nova est même une colonie d'une CDS appelée Neufreistadt***. Ses membres étaient à la recherche d'un nouveau projet et ils ont longuement discuté, pour aboutir à l'idée d'une ville romaine. Les membres de la communauté ont construit la ville et ils vendent maintenant les maisons, divisées en zones résidentielles et commerciales. Il y a aussi des espaces publics, comme le Forum ou le théâtre, dans lequel des événements sont organisés.


Colonia Nova, le Forum


Colonia Nova, le théâtre

L'exploration de Nova Colonia semble plus tentante que celle de Rome. L'avatar se téléporte donc dans cet endroit et se pose directement sur le Forum. On reconnaît tout de suite l'architecture d'une ville romaine, même si le rendu n'est pas parfait. En effet, les reconstitutions 3D faites à partir des recherches archéologiques sont habituellement plus précises (mais on ne peut pas s'y promener). Il y a d'ailleurs de notables différence entre cette reconstitution dans SL et celle qui a été faite par des archéologues. Nova Colonia est nettement plus petite et construite sur une île.


COLONIA CLAUDIA ARA AGRIPPINENSIUM (CCAA), Cologne au temps romanain. Une reconstruction présenté dans le musée Römisch-Germanisches Museum à Cologne.
http://commons.wikimedia.org/wiki/Image ... uction.JPG


La ville est plutôt déserte, mais à force d'y circuler, l'avatar rencontre un légionnaire, avec casque, glaive et bouclier. Ce dernier trouve que ses vêtements ne font pas très antiques et propose de l'aider à chercher un endroit où se procurer une toge. Comme aucun vêtement féminin n'est disponible dans la boutique d'en face, il propose une téléportation à Roma.
Aussitôt arrivés sur place, l'avatar et son guide sont confrontés à une scène étrange: un légat romain enjoint ceux qui passent à s'engager dans une légion. Quelle est le but de cette légion? Ce serait intéressant d'en savoir plus. Peut-être s'agit-il de gens qui vont s'amuser dans des zones réservées aux jeux de combat. En se promenant un peu, on tombe sur des lions en cage, probablement en attente des prochains jeux du cirque. Non loin de là, il y a une taverne qui porte le nom de Pompéi, mais qui vend du café (sic). La toge tant recherchée se trouve à l'accueil de la cité virtuelle et en plus elle est gratuite. Retour à Colonia Nova. La visite s'achève par la zone résidentielle et le test du triclinium (lit à 3 fois 3 places pour les banquets) d'une villa à péristyle. Les intérieurs manquent de couleurs, en principe très vives à l'époque romaine. Cela est peut-être laissé au goût de l'occupant définitif (de nombreuses maisons étant encore à vendre). En revanche, le mobilier présent est assez bien fait. Il y a, du reste, des règles assez strictes concernant les objets, commerces et animations qui peuvent être apportées ou construites dans Colonia Nova. Tout ce qui fait de la lumière doit correspondre à ce qui se faisait dans l'Antiquité (donc pas de lampe halogène!) et la pornographie y est interdite.


Villa de Colonia Nova, triclinium


* http://www.metaversemessenger.com/ (voir dans les archives les numéros des 11 et 28 novembre 2006)

** http://colonianova.wordpress.com/

*** http://neufreistadt.info/

lundi 4 décembre 2006

Ecrire au Père Noël

Souvenez-vous! Quand vous étiez enfants, vous preniez, à peu près à cette époque, un joli papier à lettre et, de votre plus belle écriture, vous inscriviez vos souhaits les plus fous. Ensuite, vous mettiez l'adresse sur la missive:

Père Noël
Rovaniemi


Il vous restait ensuite quelques jours pour rêver à ces beaux cadeaux, emballés dans du papier brillant, entourés de rubans soyeux, qui seraient peut-être dans la cheminée ... pour autant que vous puissiez vous tenir tranquilles d'ici là.

Pour écrire une semblable lettre aujourd'hui, on n'utiliserait plus de papier, mais on se rendrait à l'adresse suivante:

http://www.gifttagging.com/

En créant un compte (gratuit), il est possible d'éditer une liste de souhaits de cadeaux (pour Noël, un anniversaire ou même un mariage), à partir de n'importe quelle boutique en ligne. Un livre chez Amazon, un sac, un parfum, peu importe. Le système scanne même la page en question pour récupérer l'image de l'objet de vos désirs.



Reste à la partager avec vos amis, réels ou virtuels, dans l'espoir qu'ils activent leur carte de crédit pour vous faire plaisir. Comme quoi, même le Père Noël passe au Web 2.0:



Et pour les nostalgiques, voici une webcam posée à Rovaniemi, devant la maison du Père Noël. Guettez bien! On ne sait jamais...

http://www.santaclaus.fi/?deptid=11779

dimanche 3 décembre 2006

Petit tour virtuel

Une étude récente montre que de plus en plus d'internautes visionnent des visites virtuelles. Selon cette étude, 51% des utilisateurs du Net auraient profitl de ces petits tours virtuels en 2006, contre 45% en 2004.

http://pewresearch.org/obdeck/?ObDeckID=97

Sur des sites comme Arounder.com, il est possible de visionner des sites d'exception du monde entier: Berne, Zermatt pour la Suisse, mais Athènes, Copenhague, etc.. Du reste, les visites virtuelles ne concernent pas seulement les curiosités culturelles ou les sites touristiques. On en trouve dans les sites des musées, des hôtels, des restaurants, des agences immobilières, bref partout où il est important de donner une première idée, de faire envie.


http://www.arounder.com/

La visite virtuelle est de l'ordre de l'effet diligence. Elle mime une visite qui pourrait se faire en dans le monde réel et s'affranchit peu du monde réel. Mais en même temps, elle virtualise une série de prises de vue. Il est possible de regarder un lieu, comme si on y était, à partir d'un point précis (ce qui personnellement me donne le mal de mer).
Les univers 3D comme Second Life sont complètement artificiels visuellement parlant, puisqu'ils sont faits d'images de synthèse. En revanche, le sentiment d'immersion est nettement meilleur.
On remarque de plus en plus que les utilisateurs d'Internet y passent du temps. Ils utilisent des fonctionnalités comme les visites virtuelles pour faire un petit tour, s'évader. Il semble du reste, d'après cette étude, que les habitants des zones urbaines les utilisent plus que ceux des campagnes.

Lors de la présentation d'un projet de DVD présentant l'histoire du MAMCO (musée d'art contemporain de Genève), j'ai appris qu'il y avait dans le monde numérique deux grandes familles importantes à distinguer:

- réalisations basées sur des photographies: vidéo numérique ou visite virtuelle réalisée en QTVR. Ces réalisations sont de l'ordre de l'animation.

- réalisation basées sur des images calculées: images de synthèse des jeux vidéos, cinéma en images de synthèse, univers 3D comme Second Life. Ces réalisations sont de l'ordre de la manipulation (dans le sens de manipulation de marionnettes).

Visites virtuelles et univers 3D ne sont donc pas à opposer. Il s'agit de deux voies différentes, l'une travaillant à partir d'images du réel et l'autre à partir d'images de synthèses. Mais ces deux techniques permettent néanmoins de se mouvoir dans un univers, réel ou créé, à partir de son ordinateur. Chacune a ses potentialités et trouvera, avec le temps, ses usages.
Comme nous parlons souvent des musées ici, ajoutons que la visite virtuelle classique permet à un futur visiteur de se faire une idée des salles du musées. Elle ne crée pas pour autant un musée virtuel, c'est-à-dire la possibilité d'éclater une collection par rapport à certaines contraintes: objets exposés et objets non exposés, collection d'une institution muséale et collection idéale correspondant à un thème, une période, un artiste, une problématique, etc... La virtualisation s'obtient par d'autres procédés, comme la mise en ligne d'une collection sous forme d'une banque de données, la mise en place d'un moteur de recherche spécialisée, la création d'un site collaboratif permettant à chacun de charger des éléments de la collection ou, pourquoi pas, la création d'un hypermusée sous forme d'univers 3D.

mercredi 29 novembre 2006

Les jeux vidéos: un vecteur de culture et de savoir

Les jeux vidéo sont-ils une production culturelle, voire artistique? L'Etat peut-il les subventionner? Le débat est d'actualité au moment où la France souhaite encourager, par le biais d'avantages fiscaux, ses derniers producteurs, notamment Ubisoft, au grand dam de la Commission européenne qui préfèrerait laisser agir le marché. Pour en savoir plus, on peut lire le discours de Renaud Donnedieu de Vabres à l'Assemblée nationale (lundi 11 septembre 2006):

http://www.culture.gouv.fr/culture/actu ... quejv.html

Le ministre français veut voir, dans les jeux vidéo, un aspect artistique, à cause notamment de la présence de divers corps de métier dont on ne doute pas de la place dans le domaine des arts, notamment les graphistes. Bien entendu, tirer le jeu vidéo du côté de l'art rend plus acceptable l'idée d'un soutien étatique.

Que les jeux vidéos soient des produits culturels, personne n'en doute. Mais la cuisine fait aussi partie de la culture. Qu'il y ait un aspect artistique? Personnellement je l'accepte, du moment je considère le cinéma comme un art. Les jeux sont constitués d'images, mais aussi d'un scénario, d'interprétations. Dans le cinéma, on a de tout: des blockbusters aux films très élitistes. Dans les jeux vidéos aussi.


Versailles, un jeu historique qui a fait date

Ce qui est certain, c'est que les jeux vidéos deviennent peu à peu le principal moyen, pour les enfants, d'accéder à la connaissance des civilisations anciennes, du passé. Il existe de nombreux produits qui ont pour théâtre la Rome ancienne ou l'Egypte. Et c'est peut-être par ce biais que l'Etat pourrait aider l'industrie du jeu vidéo. Il y a - et c'est dommage - un clivage entre le monde de l'éducation et celui des jeux vidéos. D'un côté, on a des produits ludo-éducatifs dont l'ergonomie et l'aspect graphique semblent peu attractifs et, de l'autre, des jeux moins bien renseignés sur les recherches historiques. Ce qu'il faudrait tenter, c'est un rapprochement. On en est peut-être pas si loin. A témoin ce professeur de l'Université d'Indiana, aux Etats-Unis, qui a reçu une somme importante d'une fondation privée, afin de réaliser un jeu qui aurait pour cadre l'univers de Shakespeare:

http://newsinfo.iu.edu/news/page/normal/3599.html

Le projet consiste en un jeu multijoueur en ligne, dans un univers en 3D, comme World of Warcraft.
Du reste, si les jeux vidéo étaient irréprochables du point de vue historique, il serait possible de convaincre les enseignants de s'y intéresser et d'apprendre à leurs élèves à faire la différence entre des univers de fiction (Harry Potter) et des univers basés sur une réalité historique.

Quand on songe à Second Life, on peut se demander si le paradigme des univers en 3D doit toujours être celui du jeu. Beaucoup de personnes (dont moi) préfèrent nettement se promener plutôt que de tailler de l'orque. Pourquoi donc ne pas recréer des univers en 3D à l'image de vestiges antiques, comme Pompéi, où l'on pourrait croiser d'autres curieux ou, peut-être même, des spécialistes de la question qui y passeraient quelques heures à donner des explications? Et vivre non pas une deuxième, mais des dizaines de vies parallèles passionnantes!

lundi 27 novembre 2006

Création littéraire dans le monde numérique

Bienvenu ce débat sur les conséquences d'Internet et des technologies numériques sur la création littéraire. Si la Société des Gens de Lettres de France (SGDL) l'organise, c'est peut-être à cause de l'action qu'elle intente à Google, pour s'opposer à son offre "Google Book" dont nous avons déjà parlé dans ce blog (note) et qui reste un moyen commode de parcourir le contenu de grandes bibliothèques du monde anglo-saxon essentiellement. Son argumentation, essentiellement basée sur le fait que la législation américaine est plus souple que la législation française en matière de droit d'auteur, comporte les points suivants:

- La notion de « fair use » est invoquée par Google pour légitimer ce programme. Il s’agit d’une exception au droit d’auteur qui entend permettre la reproduction d’œuvres de manière limitée, sans autorisation requise, et suivant le respect d’un équilibre entre l’intérêt des titulaires de droits et celui du public. Cette notion n'existe pas en droit français ou européen.

- La notion d’ «opt out» est également avancée par Google. C'est le principe selon lequel « qui ne dit mot consent ». Google suppose donc un accord implicite de l'auteur à voir son oeuvre dans le programme "Google Book". Cette nition d'"opt out" n'est pas reconnue par le droit français.

Rappelons que le droit d'auteur (voir note) ne se borne pas à récolter des royalties générées par une oeuvre. Il garantit à l'auteur un droit de regard sur l'utilisation de son oeuvre. Ses ayant-droit conservent ce droit durant les 70 ans qui suivent son décès. Les nombreuses histoires de veuves d'écrivains qui exercent leur droit de regard sont là pour nous le rappeler. Il est donc bon de débattre de ce droit à l'heure d'Internet. Est-il encore compatible avec le monde des bibliothèques virtuelles et des moteurs de recherche? Il ne s'agit pas de la question des royalties, légitimes, mais de ce droit de regard absolu. Il faudrait admettre que certaines oeuvres accèdent à un statut de référence quasi universelle (c'est le cas de Tintin par exemple). Ce statut, qu'il conviendrait de définir, implique un droit à la citation assez large. De plus, Internet devient la porte d'entrée à l'information, au savoir. Des outils comme Google Book permettent de connaître le contenu des livres, avant de les acheter. De plus, Google Book n'est pas le seul outil permettant de fouiller les livres: Amazon offre une fonctionnalité similaire (Look inside), de même que l'éditeur Barnes and Noble. Même dans Google Book, le lien vers une librairie virtuelle n'est jamais très loin. Finalement, ces outils ne sont rien d'autre que la virtualisation d'une pratique que nous aimons tous bien: bouquiner. Pour en revenir à l'action de la SGDL, elle n'aura qu'un effet, au cas où elle obtient gain de cause: enlever l'offre en français de ces outils. C'est beau l'exception culturelle!



Pour en savoir plus sur l'action de la SGDL: http://www.sgdl.org/actualite_Actualite ... tervention


La création littéraire à l’heure du numérique
Forum, mardi 5 décembre 2006
Société des Gens de Lettres – 38 rue du Faubourg Saint Jacques – 75014 Paris
Tél : 01 53 10 12 15 - Réservation : 01 53 10 12 07 – manifestations@sgdl.org
Entrée libre


10h00 Introduction par François Taillandier, président de la SGDL

10h30 - 12h30 La toile, nouveau lieu de médiation du livre
Animé par Valérie Marin La Meslée, journaliste
Un nouvel espace d’écho pour la littérature est en train de surgir, des relais médiatiques indépendants et actifs qui mettent en œuvre la vie littéraire en jouant le rôle de prescripteurs, de conseillers. Avec :
Brigitte Aubonnet (http://www.encres-vagabondes.com) ;
Karine Henry (http://www.comme-un-roman.com) ;
Isabelle Roche (http://www.lelitteraire.com) ;
David Ruffel (http://www.chaoid.com).

14h30 – 16h15 La création en ligne
Animé par Paul Fournel, écrivain, administrateur de la SGDL
Le net change la structure de la création littéraire et propose de nouvelles passerelles, témoignages d’auteurs avec :
Jean-Pierre Balpe (http://fiction.maisonpop.com) ;
Xavier Malbreil (http://www.0m1.com) ;
Patrick Morelli (http://www.lunetoil.net) ;
Romain Protat (http://www.antidata.org).

16h30 – 18h00
Quels droits d’auteur pour ces nouveaux types de création ?
Animé par Alain Absire, écrivain, administrateur de la SGDL
Cette conquête d’un nouvel espace de création implique de nouvelles
pratiques du droit d’auteur. Licence libre, tatouage de l’œuvre, DRM, etc.
quelles hypothèses et quelles perspectives ? Avec :
François Gèze (directeur des éditions La Découverte, membre du collège livre du CFC) ;
Jean-Philippe Hugot (avocat spécialiste de la propriété intellectuelle) ;
Florent Latrive (journaliste au service économique de Libération, auteur de Du bon usage de la piraterie, Exils) ;
Ludovic Pénet (ancien vice président de L’APRIL).

Pour en savoir plus sur le programme du débat:
http://www.sgdl.org/actualite_Manifestations.asp

dimanche 26 novembre 2006

Ma petite entreprise

Gérer une famille peut relever du casse-tête. Les emplois du temps de ses membres se chevauchent comme des tranches de tomate et de mozarella dans les salades d'été. Remplir le frigo relève parfois de l'exploit. Comment prendre en compte les horaires, les tâches de chacun? Famundo vous propose de gérer votre famille avec les mêmes outils qu'une petite entreprise ou une équipe dans une grande entreprise: calendriers partagés, listes de tâches avec rappel, gestion des documents. Tout y est:

http://www.famundo.com

Une série d'outils, disponibles en ligne, vous permettront de gérer les 3 calendriers scolaires de vos enfants et les agendas non moins compliqués des adultes, de créer des listes d'achats ou d'envoyer de petits rappels (comme les jours de ramassage des ordures).
Chaque membre dispose de son propre accès, peut voir son calendrier, ses messages et tout ce qui est visible de tous. Il y a un calendrier public, consultable de tous (entendez le monde entier, y compris votre belle-maman qui désespère de pouvoir vous inviter pour le thé). Le système dispose même d'un gestionnaire de documents où chacun peut glisser ses fichiers essentiels (à la vie familiale).
Balayés les agendas et carnets d'adresse familiaux, les organiseurs personnels incompatibles! Finis les post it sur le frigo, rappelant l'acht d'un ingrédient irremplaçable pour le repas du dimanche! Adieu les SMS intempestifs depuis le supermarché (chéri! viande ou poisson ce soir!). Désormais tout se gère à l'écran, de manière professionnelle. Et bien sûr, c'est accessible de partout: depuis le bureau de Monsieur ou de Madame, depuis la salle d'informatique de l'école, depuis la chambre de la petite amie de l'aîné. Même le petit dernier peut réclamer sa boîte préférée de céréales sans devoir suivre Maman et Papa au magasin. Il suffit juste de se connecter (donc de se souvenir de l'adresse).

Quelques points noirs tout de même. Tout d'abord, il faut donner beaucoup d'informations pour s'inscrire, à commencer par son numéro de téléphone. Ensuite, ce service pour les familles n'est pas gratuit: environ 99 $ par année. C'est d'autant plus étrange que le service équivalent pour entreprises est gratuit, lui! En plus, pour le prix, il ne semble pas y avoir de fonction de synchronisation avec un organiseur personnel.


Albert Anker, Le petit déjeuner des enfants

A recommander à des familles dont les membres sont tous pourvus d'un ordinateur connecté à Internet, qui ne font que se croiser tant leurs agendas est compliqué et qui sont prêtes à mettre une centaine de dollars dans ce service. Pour les autres, un peu de bon sens et les conversations du petit déjeuner devraient suffire.

samedi 25 novembre 2006

Vite, vite

Comment publier des informations rapidement sur Internet? Le blog est un moyen commode, mais dans certains cas sa logique ne correspond pas au contenu. Le blog est organisé chronologiquement et, parfois, thématiquement. Pour une matière touffue et comprenant beaucoup de références croisées, cela ne convient guère.
Dans ce cas, préférez le wiki. Son nom vient justement du terme hawaïen "wiki wiki" qui signfie vite. C'est certainement la façon la plus rapide et la plus aisée pour publier sur le Net.



Le wiki est en fait une application basée sur le concept d'hypertexte. Les sites wiki ressemblent à ce qu'était le Web à ses débuts: des pages liées entre elles avec des liens hypertextes. Grâce à un wiki, on peut générer un grand nombre de pages de contenu et, avec sa syntaxe assez simple, lier les mots du contenu avec les pages correspondantes.
On associe souvent wiki et projets collaboratifs. L'exemple le plus célèbre en est Wikipédia, l'encyclopédie construite par ses utilisateurs. Mais le wiki peut aussi être utilisé par de petits groupes de travail ou même à titre individuel. C'est parfait pour gérer des notes. Avant que le Web soit aussi accessible pour ceux qui voulaient diffuser de l'information, il existait même des programmes d'hypertextes destinés à des écrivains ou des scientifiques: Hypercard en est une illustration (même s'il pouvait faire plus encore). Avec le wiki, on retrouve un outil très souple.
On peut donc participer aux nombreux projets collaboratifs présents sur la Toile, mais on peut aussi créer son propre wiki pour soi ou pour le partager avec d'autres. Si on ne dispose pas d'un serveur où l'installer, il y a la possibilité (comme pour les blogs) d'ouvrir son wiki sur le Net. C'est ce que j'ai fait aujourd'hui. En moins d'une heure, j'ai créé quelques pages sur la mythologie grecque (une de mes passions):

http://be-virtual.pbwiki.com/

c'est vite fait, mais efficace. De plus gratuit (et payant pour éviter la pub).

mercredi 22 novembre 2006

Les quatre fonctions d'un site Web

Depuis longtemps, on attribue de manière classique trois fonctions aux sites Web: information, communication, transaction.
La fonction d'information est évidente: Internet est un média de diffusion, comme les livres, les journaux, la radio ou la télévision. Ses avantages résident dans le faible coût de mise en oeuvres (par rapport aux autres médias), la gratuité d'accès très répandue, l'accessibilité en tout temps et à partir de tout lieu. La fonction de communication apparaît clairement aussi: non seulement Internet sert de média de communication (permettant la promotion de certaines informations, au moyen de la publication des communiqués de presse par exemple), mais il autorise la communication interactionnelle. Toute institution qui se présente sur le Net met une adresse email à disposition de ceux qui souhaitent poser des questions. Les forums permettent aussi de poser des questions, dans le cadre d'une communauté virtuelle. Grâce aux chats et aux messageries instantanée, les internautes peuvent dialoguer entre eux. De plus en plus, Internet reprend des fonctions de systèmes classiques de communication comme le courrier, la téléphonie. La fonction de transaction transpose sur Internet des services et des activités de guichet: achat en ligne, remplissage d'un formulaire en vue d'obtenir une prestation administrative, payement en ligne, inscription à un événement, réservation de billets de spectacles, etc ... Il existe quelques domaines importants de transactions: e-banking, e-commerce, e-government, e-learning.



Nous en ajoutons une quatrième: la fonction de virtualisation. Cette dernière ne correspond pourtant pas à une révolution technologique. En effet, elle existe depuis qu'il est possible de publier en ligne des banques de données et d'y effectuer des requêtes. Cette fonctionnalité consistant à mettre à disposition le contenu, non pas de manière linéraire, sur des pages statisques du site, mais de l'éclater en autant d'enregistrement dans une banque de données et de permettre à l'utilisateur de faire apparaître l'une des très nombreuses actualisations possibles, est passée inaperçue. Pourtant les enjeux en sont énormes. Dans le cas des musées virtuels, le visiteur devient celui qui effectue des choix, contrairement à ce qui se passe dans le musée de briques et de ciment, où le conservateur impose ses vues.
L'apparition des moteur de recherche comme Altavista ou Google a deplacé la virtualisation du site Web au Web entier. Par une simple requête, il est possible de rassembler des informations totalement dispersées, de réunir des oeuvres d'un même peintre (Google Image).

On pourrait considérer le Web 2.0 comme une synthèse de l'ensemble de ces fonctionnalités.

mardi 21 novembre 2006

Recherche visuelle

Lors du sommet Web 2.0 qui s'est tenu début novembre à San Francisco (à guichets fermés)*, le premier moteur de recherche visuel disponible en ligne** a été présenté:

http://www.like.com/

Il s'agit de la version alpha. Nous l'avons testée pour vous. En partant du constat que de nombreux contenus disponibles sur Internet sont difficilement accessibles, ses initiateurs ont mis au point une technologie permettant de créer une "signature" qui décrit une image. Ainsi des objets semblables à l'objet sélectionné au départ peuvent être retrouvés. Le corpus de départ se limite à un choix de sacs, de chaussures, de montres et de bijoux à vendre (l'application est plutôt orientée e-commerce).



La recherche selon la forme générale marche assez bien et les requêtes effectuées selon la couleur obtiennent des résultats convaincants. Le moteur de recherche permet aussi de retrouver dans le corpus (limité au type d'objets sélectionnés: sacs ou bijoux) un détail semblable au lieu de la forme général. Cela marche moyennement. Globalement, la limitation du corpus ne permet guère de tester complètement cette technologie. On aimerait par exemple retrouver un motif (une croix, une fleur) dans un corpus beaucoup plus vaste. Il semble qu'il sera possible prochainement de télécharger ses propres images (conformément à la philosophie du Web 2.0).
Ce type d'application ira certainement en s'améliorant. On imagine déjà aujourd'hui l'intérêt d'un tel outil. Ses promoteurs le vantent en disant qu'il est possible de trouver les accessoires de mode que vous enviez à vos copines. Mais les historien d'art, les spécialistes d'archéologie ou d'ethnographie en feraient sans doute d'autres usages. Il serait ainsi possible de chercher à travers de vastes corpus, tableaux de maîtres, enluminures médiévales, vases grecs, etc., certains motifs. Les philologues et les spécialistes possèdent depuis longtemps déjà des outils permettant de rechercher des occurences de mots ou de groupes de mots dans d'immenses corpus (comme l'ensemble de la littérature grecque***). Cela permet de gagner un temps précieux et élargit le champ des recherches: avant on devait compter sur sa propre mémoire, la bonne organisation de ses notes ou le travail de bénédictin de ceux qui répertoriaient toutes les occurences de tous les mots pour un auteur.
Un tel moteur de recherche intégré à un musée virtuel constituerait aussi un formidable avantage. Nous avons déjà parlé ici de la folksonomy et des difficultés, pour le grand public, de trouver les concepts correspondant à des oeuvres d'art ou des objets de musée. Les visiteurs pourraient rechercher des objets à partir d'un objet du musée ou d'une image qu'ils téléchargent eux-mêmes, photo d'un objet de comparaison ou croquis.


* http://www.web2con.com/

** Il est peut-être bon de rappeler que Google Images fonctionne à partir du nom et de l'indexation du contexte d'un fichier graphique.

*** http://www.tlg.uci.edu/

dimanche 19 novembre 2006

Un dessin mieux que mille mots

J'ai un cousin qui, quand il nous explique quelque chose, a l'habitude de griffonner un dessin sur la nappe (quand elle est en papier) ou sur une feuille qui lui tombe sous la main. Mais ce cousin vit en Australie. Je viens de découvrir un outil qui pourrait lui permettre de continuer à faire ses petits dessins, malgré la distance.
Thinkature est une sorte de tableau blanc sur lequel plusieurs personnes connectées en même temps (après avoir ouvert un compte gratuit) peuvent dessiner, créer des formes avec du texte à l'intérieur, déposer des photos, tirer des flèches entre les divers éléments placés sur la surface. On peut donc travailler ensemble à un schéma, un projet d'affiche ou de design. Chacun peut déplacer tous les objets, ce qui peut donner lieu à des "danses" amusantes des éléments. Quand les images ne suffisent plus, on peut aussi échanger quelques mots avec le système de chat.
L'application fonctionne bien et assez rapidement (je le sais, je l'ai testée avec quelqu'un dont l'ordinateur est à côté du mien). Cependant l'outil de dessin est plutôt rudimentaire, puisqu'il se résume à une seule ligne. On est donc très loin des applications collaboratives professionnelles, mais quand il s'agit de faire un vague plan de situation indiquant l'endroit pour le prochain pique-nique, un organigramme, un projet d'affiche ou un morpion, c'est amplement suffisant.



Je vais envoyer cette adresse à mon cousin australien. Il n'y aura plus qu'à trouver un moment qui convienne à tous les deux pour nous connecter.

http://thinkature.com/

samedi 18 novembre 2006

A quand le trousseau universel?

De nos jours, travailler à des documents à partir de plusieurs endroits et avec plusieurs personnes est devenu presque trivial, dans le monde du travail et dans les hautes écoles. Google cependant ouvre cette possibilité à ceux qui ne sont pas employés par de grandes entreprises, des universités ou qui souhaitent utiliser ces moyens dans le cadre privé ou associatif. En effet, avec un compte gmail, vous pouvez non seulement accéder à votre courrier électronique (avec une grosse capacité de stockage de données), mais vous avez en plus un agenda en ligne que vous pouvez partager avec amis ou collègues, un traitement de texte également collaboratif. Vient de s'ajouter à cette suite bureautique un album de photos basé sur Picasa.

La tendance est lancée


Nos données migrent lentement de nos disques durs vers le Net, transformant nos ordinateurs en autant de terminaux. Les avantages sont multiples:

- ubiquité: cela permet de travailler de n'importe quel endroit, pourvu qu'il y ait un ordinateurs avec accès sur Internet (mais un portable avec Wi-Fi le peut aussi).

- collaboration: si vous travaillez avec d'autres personnes à un projet, vous pouvez partager vos données.

- ouverture à d'autres types d'accès: Google permet l'accès à ses mails via téléphone portable. A l'avenir, l'ordinateur ne devrait plus être la seule machine permettant un accès complet à Internet. Au départ, il avait été inventé pour calculer. Maintenant il sert aussi à communiquer, regarder, écouter. Là tout est encore ouvert. C'est le concept d'"everyware" qui est en train d'émerger.

Bref, comme nous l'avons souvent dit ici: la déterritorialisation est à l'oeuvre.

Rude concurrence


Il y a beaucoup d'offres de services en ligne. Vous avez les combinaisons Album-Blog (Yahoo 360o ou Vox), mail et chat (Caramail), etc... Car, outre le danger lié à la sécurité (on confie des données à un tiers en qui on place sa confiance), il existe celui de la dispersion. Pour vous en rendre compte, il vous suffira de compter le nombre de comptes d'accès que vous avez ouverts jusqu'à ce jour. En principe, on n'y parvient pas car on ne se souvient pas de tous. La concurrence est rude, mais le vainqueur sera celui qui saura offrir l'ensemble des services réunis sur un seul compte d'accès.


Photo: http://photoeil.org/

;-)Nous ne donnons pas les adresses des services mentionnés. Vous devriez les retrouver à l'aide d'un bon moteur de recherche.

mercredi 15 novembre 2006

Qu'est-ce que le Web 2.0?

On parle souvent du Web 2.0. Mais qu'est-ce que c'est exactement? Il s'agit d'applications Web basées sur la participation des utilisateurs et la collaboration. Le tableau ci-dessous compare des applications Web classiques à celles du Web 2.0.

Web 1.0 Web 2.0
DoubleClick --> Google AdSense
Ofoto --> Flickr
Akamai --> BitTorrent
mp3.com --> Napster
Britannica Online --> Wikipedia
personal websites --> blogging
evite --> upcoming.org and EVDB
domain name speculation --> search engine optimization
page views --> cost per click
screen scraping --> web services
publishing --> participation
content management systems --> wikis
directories (taxonomy) --> tagging ("folksonomy")
stickiness --> syndication


L'exemple le plus éclairant est peut-être celui de l'encyclopédie en ligne. Dans le modèle classique, on a une encyclopédie conçue par un éditeur et rédigée par des auteurs spécialement choisis. Dans le Web 2.0, ce sont les utilisateurs qui constituent eux-mêmes le contenu de l'encyclopédie, qui est en outre continuellement corrigée.

Source:

http://www.oreillynet.com/pub/a/oreilly ... eb-20.html

et une traduction française du même article:

http://web2rules.blogspot.com/2006/01/w ... rsion.html

mardi 14 novembre 2006

Le plus grand brainstorming du monde

IBM vient de décider d'investir 100'000 millions de dollars dans des applications novatrices dans le domaine du Web 2.0, de la visualisation 3D et de l'informatique pour la santé, l'économie, les entreprises. Pour savoir comment investir une telle somme, IBM avait lancé au cours de l'année 2006 le plus vaste exercice de brainstorming jamais tenté. Bien entendu, en recourant aux potentialités du Web.
150,000 personnes provenant de 104 pays y ont participé. Parmi elles, on trouve des employés d'IBM, des membres de leurs familles, des universitaires, des partenaires commerciaux et des clients de 67 compagnies. Au cours de sessions de 72 heures, qui se sont déroulés en deux parties (juillet et septembre), 46'000 idées ont pu être récoltées. Chacun était invité à participer à cet exercice en se rendant sur le site suivant:

http://www.globalinnovationjam.com/get_ ... ndex.shtml



Des esprits chagrin pourraient penser qu'il s'agit d'un pillage d'idée à grande échelle. Chaque émetteur d'une suggestion aurait pu déposer un brevet ou lancer sa propre entreprise. Mais ce n'est pas si simple d'inventer une idée totalement originale ou de devenir un e-milliardaire. L'heure est à la construction collective. IBM est une immense machine et si elle réalise ne serait-ce qu'un petit pourcentage de ce qui a été émis, cela profitera à la compagnie elle-même, mais certainement aussi à tous. En tous les cas, les produits issus de cet exercice sont assurés d'avoir un public, une clientèle. L'intelligence collective est peut-être en train de naître. Notre monde est complexe. Des compagnies comme IBM sont complexes. Comment serait-il possible de gérer leur devenir dans un groupe restreint de personnes? Les états devraient bien s'inspirer de semblables exercices pour consulter leurs citoyens.

Parmi les projets d'IBM, les mondes virtuels en 3 dimensions sont en bonne place. IBM va créer son propre environnement 3D.La compagnie utilise déjà Second Life pour organiser des réunions. La compagnie y construit aussi une réplique en 3 dimensions de la Cité interdite qui sera prochainement ouverte aux cybertouristes. Décidément le musée virtuel est en marche... *

Pour en savoir plus:

http://www-03.ibm.com/press/us/en/press ... /20605.wss

http://www.itnews.com.au/newsstory.aspx ... =site-marq

* IBM est une compagnie active dans l'adaptation des technologies de l'information au domaine culturel. Outre son projet concernant la Cité interdite, elle a déjà créé un site sur l'Egypte ancienne et a mis au point des systèmes de visualisation pour le musée de l'Hermitage à Saint-Pétersbourg.

http://www.ibm.com/ibm/ibmgives/grant/arts/

dimanche 12 novembre 2006

Education et terroir

Le canton du Jura, en Suisse, vient de lancer une initiative intéressante: un site Internet destiné aux élèves du secondaire I où il est possible de se faire aider pour les devoirs. Les élèves peuvent s'y rendre, sous la forme d'un avatar, et poser des questions à l'avatar d'un enseignant (on se croirait dans Second Life). Ce service est ouvert quelques heures par semaines. Cette partie est difficile à tester puisqu'accessible avec un mot de passe. Mais on ne doute pas de son utilité: en effet, tous les enfants n'ont pas la chance d'avoir des parents qui peuvent les aider à faire leurs devoirs, soit parce qu'ils travaillent, soit parce qu'ils ont une langue maternelle autre que le français. L'école prend ses responsabilités et réalise une mesure visant à introduire plus d'égalité entre les élèves. Reste à espérer que les élèves qui en ont le plus besoin disposent eux-mêmes d'un ordinateur et d'une connexion ADSL. Ce site comporte également des offres ouvertes à tous: la bibliothèque qui présente des livres selon les âges auxquels ils s'adressent, des exercices en ligne (j'ai testé la dictée).
Ce site est dans son ensemble bien réalisé. Le choix de l'avatar est judicieux dans la mesure où la plupart des enfants connaissent l'univers des jeux vidéo, que ce soit sur console ou sur ordinateur. L'application parle donc un langage qu'ils connaissent. En revanche l'ergonomie d'un exercice comme celui de la dictée n'est pas optimal: la saisie est malaisée et il faut soi-même interrompre la lecture et la remettre en marche. Vouloir introduire des dictées sous cette forme relève de l'effet diligence. En effet, il faut trouver des exercices adaptés à l'interface informatique et non transposer les exercices habituels de la classe.



Ce site présente une partie hautement recommandable, celle qui est consacrée aux cours de cuisine. On y trouve des recettes du terroir, de la bonne cuisine jurassienne, notamment celle des schtriflattes, c'est-à-dire des beignets coulés dans l'huile grâce à un entonnoir. Vous pouvez découvrir cette recette réalisée par des élèves sous la forme d'un film.

http://www.educlasse.ch/

samedi 11 novembre 2006

Paris en images

La Ville de Paris possède près de 8 millions de photos, réparties entre divers musées, archives, mairie. La municipalité de Paris a décidé de valoriser ces fonds en les rendant accessibles sur Internet. Elle a mandaté une société chargée de les numériser et de mettre en ligne une version en basse résolution. A terme, ce site permettra aussi de commercialiser les versions en haute résolution, destinées à l'impression.



Le site "Paris en images" contient actuellement 15'000 photos. Il offre diverses possibilités de les regarder. On peut bien entendu les rechercher selon les personnes, les lieux, les années, des mots-clés. Le site contient quelques diaporamas thématiques. Il comporte également un intéressant outil permettant de sélectionner des images grâce à une carte en 3D de la ville. On peut aussi télécharger ces images sur son téléphone portable (pour en faire quoi?!?). En revanche, il y n'y a aucune fonctionnalité du Web 2.0 comme les commentaires ou l'indexation par les utilisateurs. Le site est présenté comme expérimental et permet aux utilisateurs de remplir un questionnaire pour donner leur avis.

Amusez-vous à rechercher quelques images: on y trouve des hommes politiques (de Gaulle, Kennedy, Malraux, ...), des artistes (Cocteau, Bécaud, Montand, ...), des monuments, des événements.

http://www.parisenimages.fr/

mercredi 8 novembre 2006

L'utilisateur est roi

Dans la conception de sites Web, l'utilisateur final, c'est-a-dire vous, est roi. Un site Internet efficace doit être adapte aux visiteurs et non aux goûts de ses emetteurs. L'esthetique devrait passer en second lieu et les elements graphiques doivent se restreindre a certaines zones. Les animations visant a epater les visiteurs ne sont utiles que dans certains cas, comme des campagnes d'information, de la publicite. Mais souvent elles agacent.

Au debut d'Internet, tout etait permis et on a vu toutes sortes de tentatives de presentation. Aujourd'hui, ce media est en periode de maturite. Il devient une source principale d'information et les concepteurs doivent se concentrer avant tout sur l'utilisateur. Ils ne doivent pas chercher a le surprendre, mais lui offrir un site où l'information est proprement structuree et les menus construits de telle maniere a le conduire a l'information qu'il recherche.

Afin d'aider les concepteurs de site, n'hesitez pas a leur faire des remarques constructives.


Oslo - Hôtel de ville

J'ecris ces quelques lignes depuis Oslo, ou je participe a une conference traitant de ces questions. J'essaie de me depatouiller avec un clavier norvegien, mais je n'ai pas trouve tous les caracteres avec accent. Il reste encore quelques points qui echappent a la globalisation.

lundi 6 novembre 2006

Une conférence sur les blogs

Le programme de cette conférence présente les enjeux essentiels du moment:

le Web 2.0

la mort annoncée de la radio et de la télévision?

l'intégration de la technologie des mobiles dans le Web 2.0 (et son contraire)

les univers virtuels (comme Second Life) et leurs implications dans nos vies

le Web 2.0 comme fondement d'un nouvel espace public

Pour plus de détails, allez sur le site de la Conférence:


Conferenceleweb3paris2006_1

samedi 4 novembre 2006

Doctorat virtualis mundi causa

Aujourd'hui même Jean-Yves Empereur, archéologue français de réputation internationale grâce à ses fouilles à Alexandrie, reçoit un doctorat honoris causa octroyé par l'Université de Neuchâtel, en Suisse. Il a accepté cet honneur alors qu'il y a quelques années, il a refusé une forme de consécration qui lui aurait sans doute assuré une renommée plus grande et aurait peut-être mieux fait connaître le travail de l'archéologie en dehors des milieux académiques et culturels.
Tous les fans de Tomb Raider savent que l'héroîne du jeu, Lara Croft, est une archéologue. Issue d'une riche famille anglaise, elle possède un manoir et consacre son temps à l'exploration de ruines. Dans l'épisode IV du jeu, intitulé "La révélation finale", elle rencontre un archéologue français travaillant à Alexandrie, Jean-Yves DuCarmine. Ce dernier est égyptologue, mais il présente quelques similitudes physiques avec Jean-Yves Empereur, lui-même spécialiste d'archéologie grecque.


Copie d'écran du jeu. Pour comparer avec le vrai visage de Jean-Yves Empereur, on peut aller une page d'un journal égyptien ou un article lui est consacré: clic)

Considérant que ce personnage présentait trop de ressemblances avec sa propre personne, Jean-Yves Empereur a déposé plainte contre l'éditeur. Ce dernier s'est défendu de s'être directement inspiré de l'archéologue réel, mais a accepté de s'excuser publiquement pour la similitude et de ne plus faire apparaître ce personnage dans les versions ultérieures. De son côté, J.-Y. Empereur a renoncé à ce que cet épisode du jeu soit retiré de la vente.

Pour en savoir plus:

http://www.captain-alban.com/dossier_ne ... 00108.html
http://www.gamekult.com/articles/A0000011191/

Ne s'agissait-il, dans cette affaire, que d'une question de droits d'utilisation d'un personnage public (en principe, chacun est propriétaire de sa propre image) ou bien l'archéologue français a-t-il refusé de paraître dans un monde, le monde virtuel des jeux vidéo, où l'archéologie est quasiment synonyme d'aventure? Seul l'intéressé pourrait répondre. Cependant si c'est la deuxième hypothèse qui est la bonne, ne vaudrait-il pas mieux jouer de cette image de l'archéologie aventureuse diffusée dans le grand public et notamment auprès des jeunes, afin de mieux faire connaître l'archéologie réelle et surtout de diffuser les connaissances qu'elle a établies et qui semblent se perdre peu à peu (voir notre note consacrée à la diffusion des connaissances scientifiques, prenant pour point de départ la question des origines de l'homme).



Bien entendu, les diplômes de Lara Croft valent ceux d'Indiana Jones ou de Daniel Jackson, l'archéologue de Stargate, spécialiste des civilisations extra-terrestres et champion du déchiffrement. Ils n'ont rien à voir avec ceux de Jean-Yves Empereur qui a passé par des écoles prestigieuses et qui connaît son métier. Mais il faut savoir que de nombreux enfants apprennent à connaître les civilisations du passé à travers des jeux vidéo, comme Rome Total War, Civilization ou bien Age of Mythology, ou même à travers des films et des séries TV. Il y a un profond fossé entre l'archéologie réelle, une science rigoureuse et minutieuse, et l'archéologie aventureuse bien ancrée dans l'imagination populaire. Les créateurs de Tomb Raider avaient en quelque sorte, maladroitement sans doute, tendu une perche aux archéologues réels. Le monde académique ne semble pas encore prêt à la saisir. Pourtant il faudra bien que ces deux mondes se retrouvent un jour! Quant au doctorat "virtualis mundi causa", il semble qu'il ne sera pas créé de si tôt.

Proposition d'exposition (temporaire ou virtuelle)

Il y a quelque temps, nous avons proposé à un musée d'archélogie un projet d'exposition temporaire visant à explorer le thème de l'archéologie fantasmée et de ses racines. Peut-être se fera-t-elle un jour.



Synopsis

L’archéologue est une figure qui s’est imposée dans la littérature (H.P. Lovecraft, Claude Delarue), le cinéma et la télévision (Indiana Jones, la série Stargate), l’univers du jeu (série Lego Adventures, jeu électronique Tomb Raider). Quand on les observe dans le contexte de la fiction, les principales caractéristiques de ces archéologues sont la découverte de civilisations disparues ou d’objets légendaires et, plus surprenante, la capacité à déchiffrer des textes anciens.
Quels sont les modèles réels qui ont donné naissance à ces personnages ? Les noms de Champollion, Schliemann, Carter sont encore très connus. Ils exploraient des terrains hors d’Europe continentale, ont mis au jour des sites exceptionnels ou bien ont donné accès à des civilisations fascinantes.
L’archéologie, au-delà de son apport scientifique à la connaissance du passé humain, véhicule des fantasmes qui tournent autour de l’aventure et des énigmes. Cela lui donne une image positive, mais cela ouvre également la voie à toutes sortes de dérives. Cette exposition se propose d’explorer le champ de ces fantasmes.


Note rédigée avec le concours de Robert Michel, archéologue et grand spécialiste des jeux vidéo (http://www.ceramostratigraphie.ch).