mardi 31 octobre 2006

Tournez la page

Le site du Musée national australien, à Canberra, offre à ses visiteurs la possibilité de feuilleter un cahier un peu particulier. Ce dernier a été offert par un homme blanc à un jeune aborigène prénommé Oscar, qui y a dessiné des scènes de la vie traditionnelle, notamment des cérémonies rituelles.


http://www.nma.gov.au/collections/colle ... eractives/

En cliquant sur une flèche à droite ou à gauche du cahier, l'utilisateur peut littéralement tourner les pages. La page ne se contente pas de changer: on la voit s'enrouler et se remettre en place de l'autre côté. Jolie illusion! Des commentaires sont disponibles en certains endroits.

Le reste du site ne manque pas d'intérêt. On peut effectuer des recherches dans la collection en ligne qui comprend 200'000 objets. Mais les champs de recherche sont limités et il y a relativement peu d'objets photographiés. Il y a quelques expositions virtuelles, dont le système de navigation reste assez peu efficace. On trouve aussi sur le site des podcasts et des jeux.
La fonction MYMUSEUM est offerte gratuitement aux utilisateurs, moyennant une incription. Elle offre des possibilités intéressantes. Les utilisateurs peuvent y mettre leurs propres objets, ce qui est plutôt inédit, mais réjouissant. Ils peuvent créer des galeries, partager leurs histoires et participer à des forums. Bref, on a là une intégration de certaines fonctionnalités typiques du Web 2.0.

http://www.nma.gov.au/

lundi 30 octobre 2006

Campus virtuel

L'Hebdo du 26 octobre 2006 annonce la fin du Campus Virtuel Suisse. Ce programme ne sera plus financé à l'avenir:

Campus virtuel Un enterrement à 175 millions
Accessible dans les archives pour les abonnés.
Pour les autres, se passer de l'article et se rendre directement sur le site du Campus virtuel suisse: http://www.virtualcampus.ch/

Notre commentaire: nous conseillons la lecture de l'ouvrage de Jacques Perriault, L'accès au savoir en ligne*, qui montre bien comment l'univers du e-learning s'est fourvoyé. On y trouve des exemples de ce que cet auteur appelle l'effet diligence, à savoir la transposition d'une ancienne technologie dans une nouvelle, sans en utiliser réellement les potentialités. Ainsi on met un manuel en ligne et on pense avoir créé un site d'apprentissage à distance!
Les processus d'enseignement sont difficiles à reproduire uniquement par le truchement d'applications électroniques en ligne. Les humains ont besoin de contacts, soit avec un enseignant, soit avec d'autres étudiants. L'avenir appartient certainement à des formes hybrides d'apprentissage, mêlant cours en classe, exercices en ligne et surtout mise à disposition des ressources sur Internet. C'est dans ce dernier domaine que les potentialités sont les plus grandes: les étudiants trouvent l'ensemble de la documentation sur un site et n'ont pas à courir après des photocopies. Aujourdh'hui déjà, Internet offre des masses de documents: classiques de la littérature, oeuvres d'art, etc. On peut y ajouter des bibliographies, des glossaires, des FAQ, etc... Plutôt que de faire des photocopies, les assistants des professeurs d'Université créeront des petits sites de ressources réservées aux participants aux séminaires!
Quant au Web 2.0, il offre des fonctionnalités dont on pourrait tirer parti dans le domaine de l'enseignement à distance: folksomonie, communautés virtuelles, outils collaboratifs, etc... Malgré le retrait du financement public, la porte de la créativité n'est pas fermée dans ce domaine, loin de là!



* Jacques Perriault, L'accès au savoir en ligne, Odile Jacob, Paris, 2002

A lire dans le même journal:

Profession blogueur d'entreprise
http://www.nouvo.ch/h-229 (repris dans l'Hebdo)

dimanche 29 octobre 2006

Retour à la vie tribale

Je me suis dit qu'il était temps que je vive une expérience de vie tribale, vous savez celle où l'on trouve les gens de sa tribu, où l'on se fait adopter par eux. Où l'on respecte certaines règles pour trouver sa place. Bien entendu, je ne me risquerais à une telle expérience que dans le monde d'Internet. Je prends donc mon double virtuel par la main et je me rends sur Tribe.
Je lui crée son profil (un jour, je vous dirai peut-être son nom, ;-)), lui trouve quelques passions et hobbies et je le lance dans la fosse aux lions. Ensemble nous explorons quelques tribus: les geeks de tous bords, les amateurs de série TV, les amateurs d'ésotérisme, etc. Deux rites initiatiques plus tard (pas compliqués ni douloureux puisque consistant en un seul clic), voici mon double virtuel membre de deux tribus (que nous protégerons par notre silence). Reste à se faire adopter par quelque membre. Il faut viser les gens en ligne, regarder les profils, les photos, les notes de blog.
Finalement nous croisons un être vivant, qui accepte derechef notre invitation à faire ami-ami. Un bref bavardage achève de nous convaincre que nous sommes sur la même longueur d'onde ... à la recherche de l'intelligence collective. En guise de tatouages, quelques mots-clés pourvus de préfixes tels que "cyber" nous serviront désormais de signe de ralliement.



Vous aussi, trouvez votre tribu:

http://www.tribe.net

samedi 28 octobre 2006

Art numérique: coup de coeur

Découvert sur le Net: une série d'animations avec illustration musicale.



http://www.sign69.com/

NB: pour changer l'animation, cliquez sur un des boutons de la bande horizontale inférieure du site.

jeudi 26 octobre 2006

Papyrus à vendre

La Fondation Bodmer, sise à Cologny, dans le canton de Genève, s’apprête à vendre de précieux papyrus afin d’assurer son fonctionnement. La communauté scientifique réagit. Une lettre, signée par de prestigieux érudits, a été envoyée à la Fondation Bodmer.
Bien entendu, on ne peut que se désoler de cette décision. Les papyrus en question pourraient se retrouver dans un autre musée, mais aussi dans une collection privée. Dans ce cas, ils ne seraient plus forcément mis à la disposition de la communauté des chercheurs. Malheureusement cette vente n’est pas un cas isolé. Selon le quotidien « Die Welt », un musée allemand pourrait être contraint de vendre son Monet pour financer des travaux de réfection*. Quant à la Fondation Bodmer, elle s’est déjà défaite de plusieurs pièces de sa collection, afin de procéder à de nouvelles acquisitions**. Comme dans tant d’autres musées, les budgets de fonctionnement ne sont pas proportionnés ni aux richesses des collections, ni aux développements architecturaux. Dans le cas précis, une extension dessinée par Mario Botta a été inaugurée en 2003. On sait que les budgets de construction et de fonctionnement sont toujours séparés et que la perception du coût dans l’un et l’autre domaine ne sont identiques. Rien n’est jamais trop beau quand il s’agit de construire un bâtiment. En revanche, on renâcle souvent pour financer des postes supplémentaires ou simplement donner des moyens d’animer un musée.
Mais faut-il pour autant s’attrister et imaginer le départ de ces papyrus comme une perte impossible à compenser ? C’est sans compter le secours des technologies de l’information. En lisant les pages consacrées à Martin Bodmer, le fondateur de cette bibliothèque, sur le site de la Fondation, on constate qu’il avait en tête un projet de réunion d’œuvres très universel. Né en 1899, il pouvait légitimement penser qu’une bibliothèque pouvait, seule, incarner son projet. Aujourd’hui, de nouveaux outils permettant de réunir et de mettre à disposition des œuvres de l’esprit considérées comme essentielles sont à notre disposition. Et la Bodmeriana, comme d’autres institutions, y a recours. Il est désormais possible de numériser, avec une qualité très élevée, des documents, qu’il s’agisse de papyrus, de manuscrits médiévaux ou de manuscrits d’auteurs plus récents. Les substituts numérisés peuvent ensuite être accessibles au monde entier sur Internet. Les fichiers en haute résolution peuvent être affichés à l’écran et sont nettement plus lisibles que l’original. Comme ils sont agrandis par rapport à ce dernier, ils permettent de voir des détails infimes. Enfin cette solution évite de devoir sortir régulièrement ces documents précieux.
Si on veut en avoir le cœur net, il suffit de se rendre sur le site du projet e-codices***, dont le but est de mettre à disposition les manuscrits suisses sous forme numérique. Piloté par l’Université de Fribourg, il offre déjà plus d’une centaine de manuscrits, dont la plupart viennent de la Bibliothèque de Saint-Gall. On y trouve aussi trois manuscrits de la Fondation Bodmer.


Cod. Bodmer 147, v. 250, www.e-codices.ch

Si ces papyrus sont définitivement promis à la vente, qu’ils soient au moins numérisés (si ce n’est déjà fait), et que leurs substituts numériques soient versés dans une ou plusieurs bibliothèques virtuelles (si ce n’est déjà le cas). Leur localisation précise importera moins, du moment qu’ils seront en tout temps disponibles pour tous. Rien ne devrait s’opposer à cela, du moment que les droits d’auteur sont tombés depuis longtemps.

* http://www.welt.de/data/2006/09/01/1017930.html
** http://www.fondationbodmer.org/fr/bibli ... -34-4-4-1/
*** http://www.e-codices.ch/

lundi 23 octobre 2006

L'arbre de la connaissance

On s’est passablement ému cet été d’un article paru dans la revue scientifique Science, qui publiait une étude menée dans 34 pays sur la croyance de la population dans l’origine animale de l’homme. 39 % des Américains n’y croient pas, mais aussi 28 % des Suisses, alors que dans un trio de pays scandinaves, seuls 8 à 13 % des sondés rejettent cette idée*. Quel phénomène accuser : la montée des fondamentalismes religieux de tous bords ou des lacunes dans les systèmes éducatifs ?
Si on se penche sur cette dernière possibilité, on peut se demander comment les connaissances passent du monde académique où elles sont élaborées jusque que dans le grand public et dans les cerveaux de nos chères têtes blondes. Vaste thème, impossible à développer ici. Bornons à constater, sur Internet, qu'il existe de nombreuses ressources permettant de s’informer sur des sujets scientifiques. Parmi toutes ces initiatives, on peut en relever qui concerne justement le domaine de l’évolution des espèces : Tree of Life Web Project**.



Ce site permet de suivre toutes les branches de l’arbre de l’évolution des espèces, qu’il s’agisse des mammifères, des dinosaures, des plantes ou des champignons. Ces branches sont illustrées par des photographies et commentées. L’intérêt de cet arbre, c’est qu’il est continuellement construit par une communauté de scientifiques et de passionnés de biologie. Le projet a aussi des ramifications dans le monde de l’éducation, puisque des classes peuvent s’inscrire au programme et y contribuer. Les photographies sont également versées dans le système par des gens du monde entier. C’est un projet généreux, car ouvert à des personnes en dehors du monde académique, et dont le but est vraiment la diffusion des connaissances, à travers un modèle collaboratif typique du Web 2.0.
Allez donc vous promenez dans les ramifications de la vie. Vous constaterez qu’il y a beaucoup plus d’espèces éteintes que vivantes et, avec un peu de chance, vous tomberez peut-être sur … vous-mêmes.

Merci à Thierry pour son aide amicale et virtuelle

* Public Acceptance of Evolution, Miller et al., Science 11 August 2006: 765-766
Résumé en français dans un quotidien suisse romand: http://www.24heures.ch/vqhome/archives_ ... singe.html

** http://www.tolweb.org/tree/

dimanche 22 octobre 2006

Le Web a son histoire

L'histoire d'Internet est déjà en train de s'écrire. Manuel Castells, dans son ouvrage "La Galaxie Internet", en a déjà déterminé cinq phases. Un spécialiste canadien d'Internet considère qu'avec le Web 2.0, Internet entre dans une nouvelle période, bien que ses outils ne soient pas tous nés récemment et sans que les particularités des phases précédentes soient forcément effacées.



La première phase, celle des militaires, est bien connue et fait partie de la légende dorée du Net.
On doit à la période suivante, celle des techniciens et des scientifiques, les progrès grâce auxquels le Web est devenu utilisable pour des non-informaticiens: mentionnons Tim Berners-Lee, l'inventeur du WWW.
Sont venus ensuite des informaticiens qui érigeaient la liberté comme valeur fondamentale et qui ont bouleversé les règles du jeu. C'est la naissance de l'open source et du tout gratuit. Cette phase marque le Web de manière assez fondamentale.
Internet s'est alors transformé en une vaste communauté d'échanges, grâce à des outils comme les forums, les sites de tchatche.
Est venu le commerçant qui a pensé qu'Internet pouvait devenir un grand marché. Comme la grenouille de la fable, la bulle spéculative a enflé et a explosé. La Net-économie n'en est pas pour autant morte. Elle revient même en force, mais avec de nouveaux modèles. Témoin: la saga de Google et son concept de publicité en ligne.
Le Web 2.0 est peut-être une synthèse de toutes ces périodes et/ou l'aube de l'ère de l'intelligence collective que certains prédisent.

Pour en savoir plus:

Manuel Castells, La galaxie Internet, Fayard 2002
Article de Martin Lessard sur Agora Vox: http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=13730

samedi 21 octobre 2006

Partager ses expériences de voyage

Quand on part en voyage, on achète habituellement un ou plusieurs guides. Pendant ses vacances, on prend toute la mesure de la différence entre ce qui est imprimé et la réalité: petit resto fermé, changements d'horaire, nouvelle offre de transport. Certains guides offrent la possibilité d'annoncer les changements constatés ou les "bons plans". Mais il faut attendre la nouvelle édition pour que les modifications soient intégrées.
D'où l'idée de créer un guide collaboratif sur Internet, intitulé Wikitravel, sur le modèle de Wikipédia. Pour l'instant, ce site ne remplace pas le guide imprimé beaucoup plus pratique à emporter. Il est surtout utile pour partager ses expériences. On peut l'utiliser avant de partir pour profiter des expériences des autres et l’on peut, dès son retour, y inscrire ses découvertes.
C’est ainsi que j’ai modifié dans Wikitravel l’article Pompéi, un endroit que je viens de visiter. En effet, juste avant de partir, j’ai pu réserver des plages de temps dans des maisons avec de magnifiques peintures, habituellement fermées, en utilisant le site Internet Arethusa, conçu par une société spécialisée dans la médiation culturelle. Grâce à ce système, les conditions de visite sont idéales : seule une vingtaine de personnes peuvent entrer en même temps dans la maison. Dans la réalité, le système est si confidentiel que ma petite famille et moi étions seules à pouvoir admirer ces œuvres deux fois millénaires.


Cupidon des Thermes suburbains, visibles seulement grâce au système de réservation d'Arethusa

J’aurais pû garder le secret pour moi, bien entendu, mais j’ai préféré le partager avec d’autres. Wikitravel m’a paru un bon moyen.
Actuellement Wikitravel contient encore beaucoup de cases vides. Mais il faut imaginer qu’à l’avenir, les gens se déplaceront de plus en plus avec des appareils mobiles (téléphones, organiseurs, ordinateurs portables) permettant d’accéder à Internet en tout temps. La plupart des lieux touristiques seront pourvus de réseaux wifi. Grâce à cela, les voyageurs pourront en tout temps accéder à des informations et, plus important encore, à des services (réservation d’hôtels, de spectacles, etc.). Dans ces conditions, les guides touristiques collaboratifs seront des portes d’entrée stratégiques conduisant aux informations et ils seront mis à jour pratiquement en temps réel.

Wikitravel: http://wikitravel.org/

Arethusa, site permettant de réserver des plages de temps dans des maisons peintes: http://www.arethusa.net/

Autre guide collaboratif:

http://world.wikia.com/

mercredi 18 octobre 2006

Taguer des oeuvres d'art

Les visiteurs d'un musée d'art ne vont pas décrire des oeuvres de la même manière que des conservateurs ou des historiens de l'art. Par conséquent, ils ne vont pas les chercher avec les mêmes termes sur un site Internet. Les spécialistes classent les tableaux selon des styles, des écoles, des périodes. Ces concepts restent méconnus du grand public qui ne fera pas une nette différence entre symbolistes et peintres pompier.
C'est la raison pour laquelle certains musées essaient d'ouvrir l'indexation des oeuvres au public. Cela est possible grâce à Internet. Sur les sites de ces musées, les visiteurs ont la possibilité de saisir des mots-clés. Ces mots-clés sont communément appelés des tags et cette approche est connue sous les noms anglais de "folksonomy" (folksonomie) ou de "social bookmarking" (indexation collaborative). Cette approche, typique du Web 2.0, ne se limite d'ailleurs pas aux oeuvres d'art, mais s'étend à tout ce qui se publie sur le Net, des photographies aux listes de liens.



Les musées peuvent ainsi exploiter ces termes et faciliter l'accès des visiteurs aux oeuvres. Cela permet de combler le fossé qui existe forcément entre spécialistes et amateurs. L'indexation collaborative est aussi un des instruments de l'intelligence collective qui jaillit du Net. Il ne s'agit pas, dans ce domaine, que des savants apprennent à des ignorants, mais de faire naître le sens ensemble.

Sites de musées "tagables":

http://www.clevelandart.org
http://magart.rochester.edu/


Steve, outil de réunion et d'analyse de la terminlogie vernaculaire:
http://www.steve.museum/

lundi 16 octobre 2006

Le grand frisson

L'Exploratorium de San Francisco, un des plus grands musées des sciences du monde, a organisé un événement d'un type particulier: il s'agissait de faire vivre à un public présent dans le musée, mais aussi à la communauté des internautes le grand frisson provoquée découverte scientifique, et cela en direct. Le musée a choisi une expérience d'un type particulier, alliant technologie de pointe et science ancienne: la mise au jour du texte caché d'un palimpseste, dont l'auteur n'est autre qu'Archimède.
Un palimpseste est une forme de récupération: au Moyen-Âge, le support de l'écriture, le manuscrit en peau de bête, était très cher. Il arrivait donc que l'on gratte consciencieusement un manuscrit pour y écrire un nouveau texte. Bien entendu, on a déjà pu lire ce qui avait été inscrit dans les palimpsestes connus, mais les techniques actuelles permettent de recréer une image numérique d'une page de palimpseste, contenant le texte le plus ancien. L'image est d'une telle qualité, qu'elle permet de bonnes conditions de lecture.
La lecture du texte ancien se fait grâce aux rayons X, qui permettent de mettre en évidence certains composants chimiques. C'est ainsi que le texte ancien peut réapparaître. Le manuscrit a donc été installé dans un scanner, dans un laboratoire de l'Université de Standford, le Standford Synchrotron Radiation Laboratory (SSRL).


Credit: Archimedes Palimpsest Project

Le processus de scannage pouvait être admiré à distance par les personnes présentes dans le musée et par les internautés, invités aussi à poser des questions par email. Une fois le scannage terminé, le public a pu découvrir les premières images du premier texte du palimpseste qu'un scientifique améliorait sur son ordinateur.
Il est toujours possible de revivre cette expérience. Le site du musée a archivé le webcast (d'une durée d'une heure environ) et donne l'adresse d'un site où il est possible de voir le texte découvert et qui offre de nombreuses informations sur le manuscrit.

Exploratorium de San Francisco: http://www.exploratorium.edu/

Podcast: http://www.exploratorium.edu/archimedes/index.html

Site sur le palimpseste: http://www.archimedespalimpsest.org/

Article décrivant la technique utilisée: http://www2.slac.stanford.edu/tip/2005/ ... imedes.htm

samedi 14 octobre 2006

De la fouille au musée virtuel

L'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) a pour mission de veiller à la détection, la conservation ou la sauvegarde du patrimoine menacé, en France. Il effectue des sondages dans des endroits où de nouvelles constructions sont prévues et, le cas échéant, il pratique des fouilles. Il a aussi pour mandat de publier ses découvertes et de les faire connaître au grand public. L'INRAP n'a pas de musée pour remplir cette mission. Il édite une revue et utilise les possibilités d'Internet. Le site de l'INRAP offre donc des dossiers et des expositions virtuelles pour exposer les richesses trouvées dans le sous-sol.
L'exposition virtuelle mise en exergue actuellement est consacrée à deux haches en pierre polie, datant du Néolithiques et trouvées dans un sondage, dans l'Aisne. L'internaute peut manipuler une de ces haches directement sur son écran. Il découvrira aussi comment des Papous de Nouvelle-Guinée fabriquent encore aujourd'hui des objets semblables.



Les expositions virtuelles de l'INRAP sont généralement attractives. Elles sont dynamiques et peuvent être parcourues assez rapidement par le visiteur pressé. Elles donnent une bonne idée des sites et découvertes présentées et rendent les activités de l'INRAP vivantes en montrant des images de la fouille et des archéologues.
Ce sont aussi des expositions qui se font en dehors de tout musée, par les auteurs mêmes des découvertes. Ainsi Internet permet de raccourcir le chemin qui va de la fouille au musée ... virtuel.


Site de l'INRAP: http://www.inrap.fr/

mardi 10 octobre 2006

Art: de la poubelle au musée virtuel

Un homme d'affaire new-yorkais s'est créé une collection d'oeuvres d'art, en récupérant des tableaux et des photographies qui étaient destinées à être jetés. Pour la plupart, il s'agit de réalisations d'étudiants en beaux-arts. D'autres viennent de marchés aux puces. Notre collectionneur a rempli, avec ses oeuvres récupérées, son appartement, sa maison de campagne, son bureau et un local loué à cet effet. Il a finalement considéré que la meilleure façon de les présenter au public était de créer un musée virtuel sur Internet, dont la capacité de présentation est sans limites.
Il a donc fait réaliser, propablement à ses propres frais, un remarquable site sur lequel on peut, à loisir, admirer des tableaux voués à la destruction et découvrir, peut-être, un artiste de talent. C'est en tout cas l'espoir du promoteur de ce site.



http://www.discardedart.com/

Source: New-York Times

lundi 9 octobre 2006

Vases grecs

Sir John Beazley fut professeur d'archéologie classique à Oxford, entre 1925 et 1956. Durant sa carrière, il a réuni un grand nombre de photographies qui servirent de base à ses travaux sur l'iconographie des vases grecs classiques. Cette collection s'est enrichie et contient environ 500'000 notices dont 250'000 sont accompagnées de photos en noir et blanc. Elle est conservée dans les locaux de l'Ashmolean Museum. Depuis 1979, une archive numérique a été développée sur la céramique grecque décorée, entre 625 et 325. Elle comporte aujourd'hui 70'000 notices 53'500 images et 3'500 utilisateurs enregistrés.



Cette base de donnée est réservée aux spécialistes, archéologues, historiens de l'art ou des religions antiques notamment. L'interface de requête n'est pas très simple à utiliser. En revanche, elle permet de parcourir ce corpus très riches selon de nombreux paramètres: collection, ville de conservation, lieu de découverte, technique, sujet traité sur le décor, etc... Les notices sont aussi très riches. Sur chaque photographie, il y a la mention de la banque de données, parfois très mal placée. Cette pratique a probablement pour but d'empêcher la réutilisation des images pour des publications. Parallèlement il existe une interface destinée à un public plus large, un peu plus simple d'utilisation: on peut accéder aux vases directement grâce à des mots-clés prédeterminés.

S'il y a un domaine où il est impossible, pour les chercheurs, d'observer un corpus, c'est bien celui de la céramique grecque. Les pièces sont dispersées dans de très nombreux musées. Elles ne sont de loin pas toutes exposées. Pour les voir, il faut obtenir des autorisations. Cet outil est donc appréciable, malgré son ergonomie faible et la qualité assez mauvaise de ses images. L'accès à l'application pour spécialistes est soumise à un mot de passe. On a plus à faire à un système d'information qu'à un musée virtuel.

Beazley Archives
Nouveau site de l'Ashmolean Museum

dimanche 8 octobre 2006

Anniversaire

Eh oui! c'est mon anniversaire aujourd'hui. Pas plus grave plus qu'un rhume: ça arrive à chacun de nous une fois par année. Voilà cependant l'occasion de tester la carte virtuelle ou carte d'anniversaire électronique. Mon identité virtuelle m'a donc envoyé une jolie carte d'anniversaire:



L'ennui, c'est que je reçois un courrier électronique comportant un lien et une invitation à aller consulter la carte sur le site d'où elle a été envoyée. Je suis obligée de m'y rendre pour l'admirer. En principe, ce genre de service est gratuit, mais il comporte souvent de la publicité, quand il n'est pas une publicité lui-même. Parfois il s'agit de sites uniquement dédiés à ce service, mais on trouve aussi la fonctionnalité de carte virtuelle (pour les anniversaires ou pour d'autres occasions) sur de nombreux sites, les sites de musées par exemple. La carte électronique est considérée comme un outil de marketing. D'où sa gratuité.
Plus fort est le service (payant cette fois) de la Poste suisse permettant d'envoyer une véritable carte, à partir de votre PC. Il est même possible de la créer à partir d'une de ses propres photos. Et la carte arrive dans une vraie boîte aux lettres.

Les cartes virtuelles font-elles autant plaisir que les vraies? Pas certain. Elles donnent une impression de paresse: on ne va pas à la papeterie acheter une carte, on ne se rend pas à la poste. Mais pourquoi ne pas "bricoler" quelque chose soi-même avec un logiciel d'édition graphique (la colle et les ciseaux virtuels), à partir de ses propres photos ou de ses vidéos numériques? Ou un podcast rigolo que votre ami ou parent pourra charger sur son iPod? C'est ainsi que mon frère m'a envoyé par mail une animation très amusante, qui m'a fait un très grand plaisir et que je me suis empressée de copier dans mon iPod. :-)

Bon! je ne donne pas de liens. Avec un bon moteur de recherche, vous trouverez tout ce que vous voudrez. Je vais ouvrir mes cadeaux!

vendredi 6 octobre 2006

@-biographie

Le Musée de la Personne (Museu da Pessoa) est une initiative, née au Brésil, qui montre comment les institutions muséales peuvent tirer parti du média Internet pour accomplir leur mission*. Il se présente comme un musée virtuel dont le but est de collecter des histoires de vie. Le site permet non seulement de présenter les collections constituées, à ce jour environ 6000 biographies collectées lors d'interviews, de projets et par Internet, mais également d'enrichir le fond. Il comporte en effet une interface qui permet à chacun de livrer sa biographie, sous forme de texte, mais aussi des photographies, des dessins, des fichiers audio et vidéo.



Le site est disponible en deux langues. La version la plus large est en portugais. L'interface de saisie des éléments biographiques et l'accès aux collections complètes n'est disponible que dans cette langue. La version anglais n'est qu'une brochure de présentation du musée. Le public francophone peut se faire une idée du contenu de ce musée, grâce à une exposition virtuelle mise sur pied par le Musée de la Civilisation à Québec (voir ci-dessous).

L'expérience du Musée de la personne est intéressante à plus d'un titre. Tout d'abord, elle crée une sorte d'immédiateté entre le musée et le public. Classiquement, la constitution d'un musée consiste à sélectionner des objets et à les offrir à regarder aux visiteurs. Plus récemment, les musées ont invité les visiteurs à devenir acteurs de leurs propres visites, en leur offrant toutes sortes d'expériences. Maintenant le visiteur a aussi la possibilité de participer à l'élargissement de la collection, non pas par le don d'un objet, mais en livrant son histoire de vie.
Selon la directrice du Musée, Karen Worcman, le musée a pour mission de collecter des données non seulement dans un but scientifique, pour les chercheurs, mais également afin de contribuer au développement social. Dans un pays multi-ethnique comme le Brésil, cela permet à la population de créer un miroir d'elle-même qui servira de base à ses réflexions sur l'avenir. On retrouve là une idée qui était née à la fin des années 60 et dans les années 70, dans une période mouvementée, qui avait vu la création des éco-musées. Ce mouvement social des musées s'est essoufflé, mais Internet pourrait s'avérer être un outil plus adéquat. En effet, on a constaté qu'il avait permis à certaines communautés ethniques, en occurrence les Amérindiens, de se ré-attribuer leur patrimoine***.



* http://www.museudapessoa.net/
** Musées et Millénaire (choisir: Mémoires du 20ème siècle)
*** http://www.civilisations.ca/academ/arti ... f1_1f.html

jeudi 5 octobre 2006

Swissroots

Les Suisses ont peu conscience d'une époque pas si lointaine où les oncles et tantes de leurs aïeux quittaient le pays pour aller trouver meilleure fortune ailleurs: Etats-Unis, Canada, Brésil, Argentine ont constitué leurs terres d'asile. Certains y ont trouvé la renommée (comme Louis Chevrolet), d'autre la fortune, pour beaucoup tout simplement une vie meilleure. La vie en Suisse était des plus rudes et les collectivités publiques de l'époque, communes ou bourgeoisies, allaient jusqu'à financer le voyage des candidats à l'émigration. La fondation de Nova Friburgo constitua par exemple une possibilité de se débarrasser de nécessiteux ou d'"heimatlos".
Les descendants de ces Suisses partis au loin aiment se souvenir de leurs racines et certains d'entre eux reviennent sur les traces de leur ancêtre, munis de quelques papiers portant le nom d'une localité helvétique. C'est pour eux qu'est né le site Swiss Roots, notamment pour ceux qui résident aux USA.



Ce site est entièrement basé sur l'idée de communauté virtuelle sur Internet. Le but est de permettre aux participants d'échanger leurs histoires et leurs témoignages, sous forme de textes ou d'images. Il est possible de proposer son histoire familiale, de se créer un groupe d'amis. Le site offre également un accès à des sources de données essentielles, comme celle d'Ellis Island, où parvenaient tous les candidats à l'immigration qui allaient à New York. Il est donc possible de repérer le passage d'un aïeul et même de visualiser sa fiche. On accède aussi à une banque de données des noms de famille suisse.

Ce site montre bien qu'Internet est devenu un outil permettant à des familles séparées depuis deux ou trois générations de continuer à entretenir des liens. Il fourmille de renseignements généalogiques, de forum de discussion familiaux et permet d'accéder aisément à des archives comme celles d'Ellis Island. A l'époque où ces Suisses ont fui la misère, le monde était vaste et, pour la plupart, ils n'avaient aucun espoir de retour. Les contacts se perdaient vite avec leur lieu de naissance, à cause de la faiblesse des moyens de communication. Leurs enfants ne connaissaient plus la langue de leurs parents et les échanges s'interrompaient définitivement. Aujourd'hui, le monde est devenu petit et les technologies de l'information et de la communication permettent une communication constante. Les tribus peuvent donc se reformer et s'épanouir.

http://www.swissroots.org/

http://www.ellisisland.org/

Un récit d'émigration sur un autre blog:
http://carolo.bleublog.ch.bleublog.ch/e ... h-pic.html

lundi 2 octobre 2006

Toile prise dans la toile

Une oeuvre du peintre Maurice Boitel a été retrouvée grâce à Internet. Le tableau, peint en 1954 et représentant deux vases avec des fleurs fanées, avait été volé en 1965. Revendu au Danemark, il est réapparu récemment sur le marché de l'art. Le petit-fils du peintre l'a découvert en consultant un site spécialisé dans les ventes d'oeuvre d'art.
Nous ne savons pas exactement de quel site il s'agit. Cependant, en consultant la page Maurice Boitel sur le site d'Artprice, nous avons été frappés par la présence d'un titre en danois. L'année de création correspond.


http://web.artprice.com/ps/ArtItems.asp ... amp;page=1
Copie d'écran du 2.10.2006

A l'ère d'Internet, il devient de plus en plus difficile de revendre des oeuvres d'art ou des antiquités volées. Il suffit d'en publier l'image sur Internet pour attirer l'attention. Interpol édite un DVD des oeuvres volés*, qui contient 30'000 entrées et qui est régulièrement mis à jour. Il publie aussi sur son site les objets dernièrement volés et ceux qui ont été retrouvés. De son côté, l'ICOM () publie sur Internet une liste rouge des objets archéologiques susceptibles de se retrouver sur le marché de l'art**.

* http://www.interpol.int/Public/WorkOfAr ... efault.asp

** http://icom.museum/redlist/

Confirmation de M.Boitel, l'oeuvre volée a bien été découverte sur Artprice. Vous trouverez plus de détails sur le site consacré à Maurice Boitel:

http://www.mauriceboitel.com/

Matrix et philosophie

Nous avons fait récemment une critique d'un débat consacré à Matrix dans le cadre du 2ème Festival de philosophie de Fribourg. Suite à cette critique, un des intervenants du débat, Frédéric Grolleau, m'a transmis un lien conduisant vers le texte qu'il avait préparé pour cette soirée et qu'il n'a pas pu présenter complètement, le débat avec le public ayant démarré très vite.
Ce n'est pas que je veuille me faire pardonner en publiant un lien vers lui ici, mais j'ai trouvé cet article vraiment très intéressant. Je pense que s'il avait pu être prononcé lors du débat, cela aurait éclairci bien des points.

Il comporte trois parties:

- une critique très fouillée de Matrix
- la différence entre réel et virtuel, où il est fait référence aux travaux de Gilles Deleuze et de Pierre Lévy, auxquels nous nous référons souvent ici. L'auteur y relate aussi une expérience de pensée du philosophe américain John Searl à propos d'un homme enfermé dans une chambre avec des manuels de chinois et les règles pour les utiliser. L'homme peut ainsi répondre à des questions posées par un vrai Chinois, sans parler lui-même le chinois. Pour ce philosophe, il en va de même pour une machine de Turing (à la base de l'architecture de nos ordinateurs): elle ne fait que combiner des états, lesquels ne sont pas pour elle des symboles, même s'ils le sont pour ses constructeurs ou les hommes qui l'observent.
- la question du réalisme. C'est une partie très intéressante de l'article, qui pose la question essentielle de l'existence de la réalité en dehors de la construction que nous en avons (toujours la caverne de Platon). On y trouve une autre expérience de pensée de Hilary Putnam, celle d'un cerveau déposé dans une cuve remplie de liquide nutritif et relié à des ordinateurs procurant à ce cerveau l'illusion de ce qui est normal. Comment ce cerveau pourrait-il s'apercevoir qu'il est dans une cuve et non pas là où l'ordinateur lui fait croire qu'il est?

En conclusion, Frédéric Grolleau démontre que la philosophie peut nous permettre de réfléchir à ce qui est en train de se passer aujourd'hui sous nos yeux: une informatisation toujours plus importante du monde, une virtualisation des activités grâce à Internet, un développement des univers virtuels, des "matrices" (avec toutes les addictions que cela entraîne, preuve que le passage de la simulation au simulacre n'est pas un phénomène isolé). Il y a en effet, une certaine urgence à construire des ponts entre les philosophes, les scientifiques et tous ceux qui s'intéressent au fonctionnement d'Internet et aux interfaces homme-machine, afin de trouver des réponses à toutes ces questions si neuves, auxquelles même des philosophes très anciens peuvent contribuer à répondre. Cet article a en tout cas le mérite de nous indiquer certains auteurs dont la lecture semble incontournable.


http://www.fredericgrolleau.com/article-4014871.html

Frédéric Grolleau entretient aussi Coldo-Philo, un site sur lequel on trouve des textes philosophiques fondamentaux:

http://www.webzinemaker.com/esm05/index.php3

On y retrouve les deux expériences de pensée mentionnées:

H. Putnam, Cuve & cerveau


J. Searle, La Chambre chinoise