vendredi 18 décembre 2009

La carte n’est pas le territoire

Les caméras de surveillance du tunnel du Gothard ont permis de surprendre des automobilistes en train de faire un demi-tour à l’intérieur. Comment expliquer cette manoeuvre périlleuse. Le navigateur GPS avait opté pour la route du col et ordonnait au chauffeur de rebrousser chemin. Il s’est trouvé quelques chauffeurs qui ont obéit aveuglement à leur machine plutôt que de s’en remettre à leur simple bon sens.

Article 20 Minutes

Jeu de lumières dans le tunnel du Gothard

Photo prise avec un Iphone dans le tunnel du Gothard (depuis la place du passager)

Il est peut-être temps de rappeler le principe selon lequel la carte n’est pas le territoire. On doit ce mot à Alfred Korzybski. L’esprit humain connait le monde de manière limitée, par les perceptions qu’il en a. Il en construit une représentation (la carte), qui est avant tout un système de symboles. Il faut faire une distinction entre le symbole et ce qu’il représente: alors que le mot “chien” ne mord pas, un vrai chien risque de vous attraper le mollet. S’il n’y a aucun danger à jouer avec le mot “chien” en faisant des plaisanteries, il n’en va pas de même quand on taquine un vrai chien.

Aujourd’hui non seulement les systèmes symboliques sont numérisés (ce qui est très pratique), mais ils sont accessibles de presque partout. On ne les consulte donc pas avant une activité, mais tout au au cours de cette activité: cartes, guides touristiques, horaires de voyage. Tout se fait en temps réel. Cependant accorder à ces systèmes plus de confiance qu’à nos yeux et à notre bon sens relève de l’inconscience. La carte peut être fausse. L’itinéraire sélectionné par l’intelligence artificielle peut être différent. L’horaire peut avoir subi des modifications. Le tableau peut avoir changé de place. On ne compte donc plus les mésaventures provoquées par ces appareils censés nous guider. Dans bien des cas, les conséquences ne sont pas trop dramatiques. Mais dans certaines situations, le danger peut être sérieux.

Bien entendu, nous serons tous d’accord pour admettre que les navigateurs rendent de grands services et qu’ils assurent la paix des ménages sur la route des vacances. Mais celui qui les utilise doit rester conscient de la distinction entre carte et territoire. Un curseur de pixels n’aura jamais d’accident, mais la tôle d’une voiture se froisse au moindre choc, sans parler de la santé de ses passagers. Alors prudence!

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